Chers Amis,
Le 10 Téveth, soit dès ce mardi 18 décembre depuis 7h.09 du matin jusqu’à 17h.41 à Paris, est un jour de jeûne. Ceux qui ne peuvent jeûner pour des raisons médicales évidentes n’ont pas le droit de jeûner et de risquer -en aucun cas- de mettre leur vie en danger.
À l’origine, les trois jours consécutifs des 8, 9 et 10 Téveth devaient être jeûnés.
1 ou 3 jours de jeûne ?
Le 8 Tévèth est le jour où la traduction de la Torah en grec par 70 Sages, sous l’ordre du Roi Talmaï (Ptolémé IV), s’est achevée. Les 70 Sages avaient été isolés les uns des autres. Et bien qu’aucune communication entre eux n’était possible, ils ont tous rendu strictement la même traduction. Seule l’intervention de la Providence pouvait permettre une telle prouesse. Ce fut néanmoins le début d’une très grande affliction, parce que les Grecs savaient alors par quels moyens nous atteindre spirituellement. Ainsi ils interdirent le respect du Shabbath, la pratique de la circoncision et la sanctication du mois et, par là, la célébration des fêtes. Il en a résulté de très nombreuses persécutions. La révolte des Makabim et leur victoire miraculeuse à ‘Hanouka en témoigne.
La traduction de la Torah en grec portait en elle un danger réel parce qu’absolument aucune traduction ne peut réellement transmettre tout ce que la Torah contient. Même si tous les commentaires rédigés en Lashon Hakodesh, en langue sainte, avaient été traduits, cela n’aurait suffit. Ces commentaires éclairent l’Ecriture qui est pleine de finesses, de sens, de subtilités. Or il en découle des raisonnements parfois si profonds qu’ils ne peuvent supporter aucune traduction. Celle qui en a été faite est donc nécessairement biaisée, imparfaite, insuffisante pour « dire » le pourquoi et le comment de la relation privilégiée d’Hashem avec son Peuple. Une fois la Torah vulgarisée, la crainte qu’en avait les Nations disparut. Un sentiment qui, hélas, fut aussi partagé parmi des membres du Peuple Juif. Au point que nos Sages comparent la gravité de ce jour à celui où le veau d’or a été initié au pied du Mont Sinaï.
Le 9 Tévèth marque la disparition d’Ezra le Prêtre et Scribe et du Gouverneur Né’hémia. À la fin des 70 ans d’exil à Bavel (Babylonie) consécutif à la destruction du 1er Temple, ils ont œuvré ensemble pour le retour et la réinstallation des exilés en Eretz Israël. En premier lieu, ils se sont attachés à rétablir la pureté des lignées familiales, puis à engager ceux qui s’étaient éloignés à faire Teshouvah, et enfin à instituer des règles pour préserver, favoriser et développer la vie juive autour de la Torah (les 10 Takanoth d’Ezra). Ensemble ils se sont attelés à reconstruire le Temple de Jérusalem, y rétablir le service des Kohanim et des Leviim, réhabiliter les murailles. Faire renaître le Yishouv -installation physique, organisation, gestion, législation et sécurisation de la vie quotidienne de la population en Eretz Israël, malgré la présence de populations cananéennes hostiles- faisait naturellement partie de leurs préoccupations. De même que le respect des préceptes de la Torah par les anciens exilés qui s’installèrent en Eretz Israël. Ce que Ezra et Né’hémia réalisèrent étaient si grand, si important et capital que leur mort ne pouvait être ressentie que comme une catastrophe.
Le 10 Tévèth, enfin, marque le début du siège de Jérusalem par Naboukhadnétzar (Nabuchodonozor). Un siège qui a duré 3 ans et qui a conduit, 7 mois plus tard, à la destruction du Premier Temple, le 9 Av, avec ses pertes immenses, ses souffrances terribles et l’exil en Bavel. Nos Sages déclarent que toute génération au cours de laquelle le Temple n’est pas reconstruit est responsable de sa destruction. C’est dire combien nous avons de raisons de nous affliger de tout ce qui a entraîné sa destruction, de sa destruction même, et du fait de ne pas encore mériter la venue du Mashia’h et l’établissement du 3ème Temple.
Ces trois jours devraient être jeûnés. Mais les Sages d’Israël n’ont imposé que le jeûne du 10 Tévèth. Le Peuple n’aurait pu supporter de jeûner durant 3 jours consécutifs. Il ne l’a fait qu’à l’occasion du « Jeûne d’Esther » qui précède la célébration de la fête de Pourim, lorsque tout le Peuple était menacé d’extermination, fomentée par Haman, ministre du Roi Assuérus.
Le jeûne intervient ici en tant qu’expiatoire, mais aussi en tant que rappel à l’ordre. Chacun a ainsi une occasion de choix de se sentir interpelé et de prendre plus intensément conscience du besoin de s’amender. Notre volonté est si souvent malmenée par toutes sortes de tentations et d’appels qui nous freinent et nous affaiblissent. Alors qu’il y a en chacun des ressources inouïes. Il faut le savoir ! Si nous n’en n’avons pas conscience, c’est un potentiel inexploité que chacun gagnerait à découvrir et… à mettre à profit ! Comment ? Nous avons tous en mémoire que tous les enfants de Yaakov Avinou, notre Patriarche, étaient dotés d’une force physique incomparable à celles des autres hommes de leur temps. Or, justement, leur lien à la Source de la Sainteté était clair et les inspirait directement. En renforçant notre lien avec le Ciel, en nous attachant à ce que Sa volonté devienne la nôtre, nous pourrons recevoir l’énergie qui nous manque tant aujourd’hui.
Une histoire revient en mémoire. Dans la période qui précéda le terrible pogrom de 1929 dans la ville de Hévron, un groupe de provocateurs avait fait irruption dans le Beith Hamidrash, la salle d’étude où le Rav donnait Shiour (cours) à ses élèves. Le Rav désigna l’un d’eux qui n’était pas spécialement costaud et lui dit de ramener le calme. Il se dirigea vers le groupe de voyous qui n’affichaient aucun signe de bienveillance. Il leur demanda de sortir. Le plus grand leva la main avec l’intention de le frapper. Mais il n’eut pas le temps de commettre son méfait qu’il se trouvait déjà sonné à terre. Quelqu’un s’enquit auprès du Yeshiva Ba’hour (l’étudiant en Torah) : “Comment as-tu fait ?” Il répondit “C’est une Mitzvah” (un ordre de la Torah) Ashkem LeOrgo, si tu vois qu’on vient te tuer, lève-toi avant et empêche-le de te tuer ! Lorsque l’on agit en accomplissant une Mitzvah, en étant pleinement conscient que l’on réalise un ordre de la Torah, nous ne faisons rien d’autre que d’obéir à une injonction d’Hashem. De fait nous nous reconnectons à la Source de Sainteté Qui nous prodigues alors tous les moyens. Assurément, nous devenons plus dignes de mériter la Gueoula, la délivrance, que nous aspirons ardemment et au plus tôt.
Cette année le jeûne du 10 Tévèth a lieu ce mardi 18 décembre 2018. Il commence à Paris le matin à 07:09 et s’achève à 17:41. Bon jeûne à tous !
Il est toutefois possible de manger avant le lever du jour (et de terminer avant 07 heures, à Paris) si l’on a pris les dispositions pour cela.
Merci de transmettre ce message le plus largement possible. Bien sincèrement à vous