Le “Mot du Jour” 03 Elloul 5781 – 11 Août 2021

Chers Amis, 

Plusieurs semaines s’écoulent parfois sans que l’on puisse adresser un “Mot du jour”. Le besoin, voire l’urgence, se manifestent-il plus particulièrement ces temps-ci ? Est-ce le produit d’une conscience plus aiguë du fait que l’on passe encore beaucoup trop à côté de ce qui compte ? Ou bien est-ce l’acuité toute spéciale que nous offre l’approche des Yamim Noraïm, les jours redoutables, que sont Rosh Hashana et Yom Kippour, qui en est la cause ? Que l’on se rassure, il ne s’agit ici de rien d’autre que d’offrir le moyen de mieux tirer partie de l’existence. Que la lecture de ce “Mot du Jour” soit agréable et profitable à tous et, que ceux qui le souhaitent, n’hésitent pas à le faire suivre tout autour d’eux dans la Communauté. Le document en pdf est joint tout à la fin pour faciliter le transfert.

Pourquoi Sortir de Sa Routine ?

Et si je me posais vraiment la question ? Cela signifie que je me mets en situation de « la prendre à bras le corps », si l’on peut dire, pour essayer d’y répondre. Je sors donc de mon schéma habituel. Je n’emprunte plus les mêmes voies, qui conduisent toujours aux mêmes endroits, sans même prêter attention aux chemins. Je réfléchis, j’appréhende la situation et je m’interroge. Est-ce que je ne devrais pas plutôt prendre cette route ? Quelle est mon attitude lorsque je me dirige machinalement ? Quel est mon degré de conscience, de vigilance ? Combien je m’investis ? Suis-je réellement présent ? Ai-je besoin d’être plus éveillé et interpellé par ce qui se passe autour de moi ? Quelle place j’occupe dans cet environnement ? Quel rôle dois-je jouer ?

Intuitivement on comprend que lorsque l’on est habitué à une situation, elle nous marque moins que lorsqu’on la découvre et qu’elle nous surprend. C’est comme si une partie de nous était en sourdine ou en semi-éveil. Il n’apparaît pas utile de s’investir complètement. Rien ne semble l’exiger. Vraiment ? Tous les jours j’agis ainsi, j’emprunte le même chemin et il ne se passe jamais rien. Il n’est donc pas utile d’y prêter davantage attention. L’essentiel n’est-il pas d’arriver à bon port ? 

C’est peut-être bien là que se trouve le point qui nous intéresse ? Il y a la façon de parcourir l’espace entre le point de départ et le point d’arrivée. Et il y a l’état dans lequel je suis lorsque je parviens à destination. En d’autres termes, dois-je accorder plus d’attention au parcours proprement dit, que je n’en accorde jusqu’à présent ? Et dans ce cas, cela influerait-il sur mon état une fois arrivé ? Et, par conséquent, aussi sur ce qu’il me sera donné d’être et de faire ultérieurement, grâce à la manière dont je me serais déplacé ? 

« Shiviti Hashem LeNegdi Tamid » (Tehilim, Psaumes du Roi David 16,  8) que l’on peut traduire « Mes pensées sont dirigées vers Hashem en permanence » « Je suis constamment lié à Lui, Hashem est toujours devant mes yeux ». Ainsi je Lui fais entièrement confiance, je crois en Lui d’une foi profonde. Je sais qu’Il peut tout, qu’Il est tout, qu’Il me protège et qu’Il ne veut que mon bien. Même durant mon chemin, en pensant à Lui, je sais qu’il me faut prendre garde, ne pas commettre d’impair ou d’imprudence et, en même temps, qu’Il veille sur moi. Je me renforce dans ma compréhension de ce qui est attendu de moi, de ce que je dois faire, le mieux possible. Mes gestes, mes pensées et mes actions sont ainsi en étroite relation avec tout ce qui émane de Hashem et s’en nourrissent continuellement. Engagés dans un mouvement perpétuel de Dvékouth, d’attachement et donc de proximité, le lien se renforce et je me sens comme investi d’une plénitude, réconforté au fur et à mesure par des signes qu’effectivement il est bon d’agir et d’avancer ainsi. Et cela se retrouve dans tous les gestes de la vie.

Que dire de la Tefila, la prière, à laquelle il convient d’accorder toute l’attention ? Les mots que l’on prononce ne sont réellement porteurs de sens que si on les comprend et qu’on les vit. Or une prière récitée sans pouvoir y accorder la pensée profonde qui devrait l’accompagner ne serait-elle pas un peu comme une demande formulée sans y croire vraiment ? Ah, mais la prière dite dans le cadre d’un Minyiane, un quorum d’au-moins dix hommes, est réputée « passer » avec celle des autres et ainsi être agréée ! Que répondre ? Une prière seulement formulée, mais non pensée, associée aux autres prières, dont certaines peuvent avoir été dites de la même manière, a-t-elle la même valeur que si elle était dite en toute conscience ? Loin de nous l’idée qu’il vaille mieux s’abstenir de prier, à D.ieu ne plaise, et encore moins dans le cadre d’un Minyiane, parce que cette prière contient tout de même une intention merveilleuse des plus louables. Seulement, elle ne porte pas en elle tous les moyens qui auraient pu la propulser et lui donner tout son pouvoir. On est donc passé à côté de quelque chose de très grand, qui aurait pu être reçu et exaucé. La prière porte en elle un potentiel qui n’a pas été ici entièrement exploité. Et c’est justement contre cet écart, ce manque, que nous nous élevons. Avez-vous remarqué combien nous sommes éloignés de la Dvékouth, l’attachement, avec Hashem, évoqué plus haut ? 

Je fais ma prière « comme d’hab ». C’est comme cela que j’ai toujours fait… Et… Est-ce que quelque chose bouge en toi ? Tu pleures et tu trembles parfois ? Des frissons parcourent ton corps ? Tu te sens différent, soulagé, apaisé, heureux, une fois que tu as prié ? Cela t’est-il arrivé une fois dans ta vie ? Or tu peux y parvenir, et pas seulement une fois, si tu brises ta routine et si tu t’adresses à Hashem réellement de tout ton cœur. Essaie de le faire jusqu’à ce que viennent en toi tremblements ou sanglots et que tu éprouves une joie profonde et une immense reconnaissance pour tout ce que tu as reçu et reçois à tout instant. Alors tu sentiras que Hashem est avec toi, qu’Il t’a entendu. Tu t’es rapproché de Lui Qui est attentif et attend que tu te rapproches encore et encore.

Mais le meilleur nous attend et à chacun d’en découvrir les prochaines étapes. Et cela, et chacun le verra aussi, est valable pour tous les gestes de l’existence.

Et les questions reviennent… Où en suis-je ? Qu’est-ce que je fais de ma vie ? Où sont les immenses cadeaux que Hashem nous fait et dont on parle tant ?

Mais le matin quand tu te réveilles, tu ouvres les yeux, tu bouges, tu te lèves, tu marches, tu t’habilles, tu vas faire ta Tefila. Tout cela ce sont des cadeaux que Hashem te fait constamment, chaque jour, tout au long de la journée, durant des années, par pur ‘Hessed, tous des actes de pure bonté. Tu es venu au monde. C’est encore un acte d’immense bonté. Tu n’as rien demandé ?!… Si tu le revendiques, c’est probablement que tu as été privé de quelque chose d’important. Il te reste à supplier Hashem pour qu’Il t’ouvre les yeux, te fasse comprendre et t’accorde ce qui te manque. La force de la Tefila dépend de toi, elle est dans ta bouche, même dite avec tes propres mots, à défaut de pouvoir les exprimer depuis un livre de prières. Briser les habitudes et sortir de sa routine, c’est vraiment ce qu’il faut faire maintenant avec le début du mois de Elloul, pour nous préparer à faire une véritable Teshouva, un retour vers Hashem, et parfaire celle que nous avons commencée. Nous pourrons alors vivre les fêtes de Rosh Hashana et de Yom Kippour qui suivent, après le mois de Elloul, emplies des bénédictions et des réparations qu’elles recèlent pour notre bien ! C’est encore un grand ‘Hessed de Hashem, réalisé à notre intention. Et nous n’avons pas le droit de l’ignorer et de ne pas en tirer parti. Pourquoi ? Parce que ce ‘Hessed est porteur de tant de richesses qui -nous espérons tellement qu’il soit donné à tous de le percevoir- sont sans commune mesure avec tous les biens matériels de ce monde. Découvrez-les, allez à leur recherche et possédez-les ! Laisseriez-vous des diamants sur le bord de la route sans y prêter attention et sans les ramasser ? Ce n’est ici encore rien d’autre qu’un merveilleux cadeau de Hashem.

Elloul est un temps choisi, idéal par excellence pour faire Teshouva. C’est le temps durant lequel Moshé Rabbénou a plaidé pour le pardon d’Israël au Mont Sinaï. Il en est redescendu avec les nouvelles Tables de la Loi, en remplacement des premières Tables qu’il avait brisées suite à la faute du veau d’or. Elloul a pour initiales les mots « Ani LeDodi VeDodi Li » (Shir haShirim, Cantique des cantiques du Roi Salomon 6, 3) qui se traduit « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi ». Mon bien-aimé représente Hashem, tant je suis proche de Lui. À quel moment ? Lorsque « Shiviti Hashem LeNegdi Tamid » « Mes pensées sont dirigées vers Hashem en permanence ». Sûr qu’alors je me rapproche de la Gueoula, la délivrance. 

Qu’il soit donné à nous tous d’avancer dans cette voie le mieux et le plus parfaitement possible en ayant toujours à l’esprit ce qui est en jeu : notre devenir ici bas et dans le monde futur. Plus encore, puisqu’au-delà de nous, ce sont nos enfants et les enfants de nos enfants qui sont concernés, jusqu’à la venue de Mashia’h, que nous appelons de tous nos vœux, pour très bientôt ! Ayons confiance, Hashem est avec nous tous. Il suffit de Le solliciter et de Le prier avec ferveur.  

‘Hodesh Tov OuMevorakh ! Que le mois de Elloul soit pour nous tous bon, béni et nous remplisse d’humilité. Que chacun bénéficie aussi d’une « Ktiva Ve’Hatima Tova ! » Une bonne écriture et une bonne signature dans le Grand Livre de la Vie !