Le “Mot du Jour” 02 Sivan 5781 – 13 Mai 2021

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LeIllouye Nishmath, pour l’élévation de l’âme et à la mémoire de Rav Messod ‘HAMOU zatsal, parmi tous les Korbanoth de la Maguéfa, rappelés au Ciel au début de l’épidémie.

Chers Amis,

La situation est grave, dangereuse et périlleuse et nous devons prier Hashem, le Maître du Monde pour qu’Il nous accorde Sa protection partout, où que nous soyons. Évidemment, d’abord là où la tension est la plus vive, en Eretz Israël, mais pas seulement. Ce qui se passe est annonciateur des douleurs de l’enfantement que constitue l’approche et la venue de Mashia’h, le Messie. Nous voudrions que ces douleurs soient les plus ténues et tolérables possibles. Pour cela, nous voudrions qu’elles engagent à la prise de conscience que seul Hashem dirige le monde. Que l’on ne se méprenne pas : c’est Lui qui fait agir. N’en déplaise aux gouvernants, ils ne font qu’exécuter Sa volonté. À nous d’essayer d’en décrypter le sens, que ce soit à travers les succès des uns ou les échecs des autres, les miracles prodigieux ou les drames qui atteignent, épargnent, gratifient ou au contraire désolent. Tout ce qui hier était caché se lit dans la réalité de chaque jour, comme un puzzle qui bientôt formera une image claire sans équivoque. Le Émeth, le vrai, la vérité, triomphe toujours en définitive parce qu’il émane d’Hashem, il Le représente et s’y rattache. Il est fort, constant, absolument inattaquable. Et comme Hashem nous aime, parce que nous sommes Ses enfants et que nous accomplissons Sa volonté, Il nous donne des signes pour comprendre Son message. Alors, nous nous rapprochons encore davantage de Lui.

Le libre arbitre a été donné à chacun qui est, de fait, responsable de ce qu’il fait ou ne fait pas. Dans le désarroi, et pas seulement dans le désarroi, n’oublions surtout pas que nous pouvons et même devons demander la protection d’Hashem, pour nous, tous les nôtres et pour le Klal Israël. Mais nous devons aussi demander qu’Il nous guide pour que nous retrouvions Son chemin et que nous ne nous en écartions pas. Or ce chemin a été balisé lorsque Hashem, dans Son immense bonté, nous a donné la Torah. C’était au Mont Sinaï, le 50ème jour qui suivit la sortie d’Égypte, il y a 3333 ans. C’est ce jour mémorable et totalement capital pour le Peuple Juif, ainsi que pour toute l’humanité, que nous célébrons en fêtant Shavouoth, la fête des semaines. Il s’agit des 7 semaines pleines qui séparent Pessa’h, lors de la sortie d’Égypte, du Don de la Torah au Mont Sinaï.

Hashem a ensuite enseigné la Torah à Moshé Rabbénou qui l’a écrite sous Sa dictée. Désignée en tant que Torah Écrite, elle est matérialisée par les rouleaux de la Torah, soit les 5 Livres de la Torah, ou Pentateuque. Objet d’études minutieuses et approfondies, commentées par des générations de Rabbins et d’Érudits, transmises oralement de générations en générations pour former la Torah Orale. Constituée d’abord de la Mishna, qui a elle-même été plus tard mise par écrit pour ne pas risquer d’en oublier les enseignements. Puis par le Talmud, de Jérusalem, suivi de celui de Babylone. Ils viennent chacun expliciter et approfondir les enseignements de la Mishna qui, rappelons-le, explicite la Torah Écrite. Ces écrits ont également été complétés par les Midrashim et bien d’autres textes produits par les générations de Rabbins et d’Érudits, comme nous vous proposons de le voir plus loin.

La fête de Shavouoth, commence ce dimanche 16 mai à la nuit tombée (21:09 à Paris), suivi d’un 2ème jour -pour ceux qui résident hors d’Eretz Israël- qui commence le lundi soir (à 22:28 à Paris).

Si le Don de la Torah a occasionné tant d’études, exposées en tant de textes saints, de nombreuses traditions les ont accompagnées. Elles perdurent dans nos communautés où, entre autres, les dames s’échangent des recettes aux fromages et autres produits laitiers… Nous avons la coutume dans nos familles d’en déguster les mets à Shavouoth, mais en aurions-nous oublié la raison ?

Bitiya, la fille de Pharaon, recueillit Moshé de son berceau qui flottait sur les eaux du Nil, proche de la berge. Moshé n’avait alors qu’à peine trois mois. Bitiya voulut lui faire prendre le lait d’une nourrisse égyptienne. Moshé refusa. Et nos commentateurs expliquent qu’une bouche qui allait parler avec She’hina, la Présence Divine, ne pouvait être souillée par du lait impur. Miriam, la sœur de Moshé, avait alors à peine un peu plus de six ans. Elle s’était cachée parmi les roseaux pour observer ce qui allait advenir de son plus jeune frère. Lorsque Moshé refusa de prendre du lait de la nourrisse égyptienne, Miriam se montra. Elle dit alors à la fille de Pharaon qu’elle connaissait une femme parmi les Hébreu qui saura nourrir l’enfant. Yokhévèd, la mère de Moshé, en fut alors officiellement chargée, ainsi que de l’élever jusqu’à ce qu’il soit sevré. Il lui reviendra alors de ramener son fils Moshé au palais de Pharaon, aux bons soins de Bitiya. La suite, vous la connaissez.

Moshé n’était pas né dans n’importe quelle famille. Son père, Amram, était le Gadol Hador, reconnu comme le plus grand sage de sa génération. Les notions de pureté et d’impureté y étaient bien ancrées tant au niveau des valeurs, que des comportements. Yokhévèd, l’épouse de Amram, donna naissance à Moshé après six mois de grossesse. Il vécut donc durant trois mois auprès de sa mère, puis il dut en être séparé pour ne pas risquer d’être découvert et saisi par les hommes de Pharaon. Un décret sévissait alors, imposant de jeter tous les nouveaux nés mâles dans le Nil. Les astrologues de Pharaon avaient lu dans les astres qu’un enfant naîtrait qui, plus tard, délivrera les Hébreu. Cette perspective risquait de priver l’Égypte d’une abondante main-d’œuvre gratuite. Pharaon n’en n’était pas réjoui.

Mais attardons-nous un instant. Peut-on imaginer que les notions d’impureté et de pureté n’aient pas été transmises à Moshé ? Ou bien qu’il était beaucoup trop jeune pour les appliquer ? Les conséquences auraient pu être catastrophiques ! On est enclin à penser qu’il n’aurait pu alors réunir les qualités nécessaires pour devenir Moshé Rabbénou ! C’est lui qui a été désigné 80 ans plus tard par Hashem pour exiger de Pharaon de nous laisser quitter l’Égypte. C’est lui qui, accompagné de son frère Aharon, a annoncé l’arrivée des dix plaies, l’une après l’autre, qui allaient mettre l’Égypte à genoux et finalement faire plier Pharaon. C’est Moshé Rabbénou qui nous a conduits hors d’Égypte sur l’ordre et par l’intervention d’Hashem. Les Hébreu étaient ainsi libérés d’un esclavage terriblement aliénant et ô combien destructeur. C’est lui qui, sur l’ordre d’Hashem, nous a fait traverser la Mer Rouge et nous a conduits au Mont Sinaï où nous avons reçu la Torah. Si Hashem a désigné Moshé Rabbénou pour accomplir toute Sa volonté, c’est qu’il était le plus apte et le plus digne. Or, s’il avait été souillé par du lait impur, que serait-il advenu ? La réponse est : tout dépend de la volonté d’Hashem Qui décide Seul du déroulement de l’Histoire. Et l’Histoire, nous la connaissons. Cependant, avec le recul, on prend conscience combien la pureté et l’état de pureté sont la clé de la relation avec tout ce qui émane d’Hashem. 

Au-delà de l’interrogation posée, ce que l’on sait, par contre, c’est que les interventions de Moshé Rabbénou ont été globalement parfaitement à la hauteur des « attentes » d’Hashem. Son nom est intimement associé au Don de la Torah*. Or le Don de la Torah est si capital qu’il ne peut supporter de qualificatif, aussi grandiose soit-il. Tant son apport justifie et la création du monde et l’existence de l’humanité. Au point que sans la Torah, la vie n’a pas de sens et nous n’aurions plus de raison d’exister. Or, la Torah a été donnée aux hommes, pas aux anges. Les anges n’ont pas de Yétser Hara, de mauvais penchant, à corriger. Les anges ne sont donc pas concernés par les Dix Commandements, pour ne citer qu’eux, partie intégrante de la Torah écrite, complétée, ou plus précisément explicitée par la Torah orale**. Ces deux parties de la Torah ont été transmises par Hashem à Moshé Rabbénou, qui les a ensuite transmises et enseignées aux Beneï Israël. Or la Torah constitue le mode d’emploi de l’existence. Sans elle nous ne saurions comment bien agir. Nous ne saurions ce qu’est le bien ou le mal. Nous ne pourrions nous inspirer et prendre exemple du modèle par excellence que constitue la vie des Patriarches et des Matriarches. Nous n’aurions pas sur quoi faire reposer notre légitimité, ni sur la Terre d’Eretz Israël, ni sur notre filiation. Tous deux nous reviennent suite au serment fait par Hashem d’attribuer la Terre d’Israël aux descendants -que nous sommes- des Patriarches. De plus, sans la Torah, nous ne saurions ni comment servir Hashem, ni comment nous rapprocher de Lui, ni reconnaître tous Ses bienfaits, ni nous en nourrir pour nous parfaire pour encore avancer et grandir dans la crainte et l’amour d’Hashem. Ce ne sont là que de grandes lignes de chapitres qui méritent évidemment d’être développées.

Évoquons juste encore un ou deux points pour ne pas trop vous retenir. Avant de recevoir la Torah au Mont Sinaï le 6 Sivan (nous ne rentrons pas dans la discussion selon laquelle ce serait le 7 Sivan) Moshé Rabbénou reçut l’ordre d’Hashem selon lequel tous les Beneï Israël ne devaient pas cohabiter avec leurs épouses durant les trois jours qui précédèrent le Matane Torah, le Don de la Torah, soit depuis le trois Sivan, puis ils devaient se purifier. La Torah est pure et tout ce qui émane d’Hashem l’est. Dès lors, notre relation avec Hashem doit être empreinte de la plus grande pureté. L’homme -comme la femme- qui se serait souillé doit d’abord se purifier pour avoir accès au Kadosh, à ce qui est saint, sanctifié. À défaut l’accomplissement d’une Mitzva est tronqué, peut être nul ou même entraîner une faute. La Mitzva est le précepte approprié qui génère l’action menée. L’action suit précisément une prescription d’Hashem et des ‘Hakhamim, les Sages de la Torah. Ces deniers ont, en effet, également prescrit des règles pour que personne n’en vienne à enfreindre les Mitzvoth de la Torah. Ces règles forment en quelque sorte une couronne protectrice aux Mitzvoth de la Torah écrite. Elles ont été établies à partir de la Torah orale qui elle-même explicite la Torah écrite. En l’occurrence le ‘Houmash, ou pentateuque, qui regroupe les cinq premiers livres de la Torah, sans compter les livres des Neviim, des Prophètes, et ceux des Ketouvim, des Écrits Saints ou hagiographes. De la Torah orale, plus spécifiquement ici de la Mishna, du Talmud et de ses commentateurs, ont été extraites et déduites toutes les lois qui ont été réunies plus de dix siècles plus tard dans les quatre parties du Shoul’han Aroukh -la Table dressée- de Rabbi Yossef Karo avec, pour chaque loi, les précisions du Ramo, spécifiques aux Ashkenazim. Puis le ‘Hayyé Adam et encore plus proche de nous, le ‘Hafetz ‘Hayim avec le Mishna Broura, en explicitent et précisent une importante partie, le Orakh ‘Hayim, que l’on peut traduire par « conduite ou déroulement de la vie », pour être réellement à la portée de tous ceux qui veulent comprendre comment les appliquer.

Le dernier point, et nous nous arrêterons là pour aujourd’hui, c’est l’engagement des Beneï Israël à suivre la Torah en accomplissant toutes les Mitzvoth. Nous avons déjà évoqué dans notre message précédent le « Naassé VeNishma » = nous ferons et nous comprendrons. De même, à propos du fait qu’il était de la plus haute importance pour HaKadosh Baroukh Hou, le Maître du Monde, que les hommes soient libres pour pouvoir Le servir pleinement et sans réserve. Or dans la Guemara, traité du Talmud, Shabbath, page 88a, il est évoqué que Hashem souleva la montagne du Sinaï au dessus de la tête des Beneï Israël, les menaçant de la retourner sur eux et que là serait leur tombeau, si toutefois ils refusaient d’accepter et d’accomplir les préceptes de la Torah. Il y aurait apparemment consentement sous contrainte. Est-ce possible ? Et dans ce cas s’ils venaient à enfreindre les Mitzvoth ils pourraient s’en disculper en arguant qu’elles leur ont été imposées de force et par conséquent, qu’ils ne sont pas tenus de les respecter. Selon notre logique, cela se tient. Sauf que les Beneï Israël avaient déjà clamé « Naassé VeNishma ». Néanmoins, il faut comprendre que la « pensée » de HaKadosh Baroukh Hou, du Maître du Monde, va bien au-delà de la nôtre. Elle n’est pas étriquée comme notre compréhension qui est somme toute très limitée. 

Expliquons-nous. Hashem « sait » mieux que quiconque ce qui est le mieux pour son Peuple -ainsi que pour chacun d’entre nous-. Pour preuve, Il nous a donné la Torah et les Mitzvoth. Or on l’a vu dans notre précédent message, les Mitzvoth ne sont pas des contraintes. Bien au contraire, elles nous ont été données uniquement pour nous faire bénéficier des plus grandes bontés. Car en accomplissant les Mitzvoth, l’homme se réalise et tend vers la plénitude et l’harmonie avec ce que Hashem « attend » de l’homme pour l’homme, et seulement pour l’homme. Hashem n’a pour Lui-même aucun besoin de nos Mitzvoth. Il est certes « content » voire « très content » lorsque nous les accomplissons. Ne marchons-nous pas alors sur les traces des Patriarches ? Hashem les «chérissait» tant qu’Il leur a promis de nous attribuer la Terre d’Eretz Israël en héritage et de nous considérer comme Ses enfants ? Le « regard » d’Hashem n’est absolument pas réduit et limité comme celui de l’homme. Hashem « voit » loin. Or, bien plus tard, à Shoushane en Bavel, Babylonie, au temps de Pourim, sous le règne d’A’hashvérosh, le Roi Assuérus, les Beneï Israël ont oui acceptée la Torah de plein gré***. Donc HaKadosh Baroukh Hou, le Maître du Monde, «savait » depuis toujours que les Mitzvoth représentent ce qu’il y a de mieux pour chaque Ben Israël, enfant d’Hashem. De plus Il « savait » que les Beneï Israël finiront par accepter la Torah de plein gré parce qu’ils reconnaîtront que c’est l’unique voie qui a réellement un sens et qui justifie leur existence.

Il nous reste à souhaiter que chacun d’entre nous reçoive la Torah et accueille toutes les Mitzvoth BeSim’ha, avec joie, dans la joie et avec la crainte de ne pas être à la hauteur de pouvoir les accomplir le plus parfaitement possible.

Grande Kabbalath HaTorah, grande réception de la Torah pour chacun de nous et dans toutes nos familles, Amen ! ‘Hag Saméa’h et Kol Touv ! Une très bonne fête à tous et que le meilleur pour chacun !

Pardonnez-moi de le rappeler à nouveau : qu’il n’y ait parmi nous absolument aucune imprudence quant aux risques de contamination de l’épidémie.

HaKadosh Baroukh Hou, le Maître du Monde, Veut uniquement notre bien. Mais nous avons aussi un rôle à jouer puisque Il nous ordonne de bien prendre soin de nous, ici, maintenant et toujours.

Le drame immense de la perte de Neshamoth pures à Lag Ba’Omer à Meiron et les nombreux blessés est une sonnette d’alarme pour nous réveiller. Et les quantités astronomiques de roquettes et autres missiles lancés à un rythme infernal sur les populations civiles, qu’est-ce sinon pour nous réveiller ?!!! Alors, effectivement, réveillons-nous tous ! Nous recevons tant et tant de bontés du Maître du Monde et nous ne ferions pas ce qu’Il « attend » de nous ?!!! D’autant que l’accomplissement de Sa parole est uniquement pour notre bien !

Merci à chacun de faire tout son possible dans ce sens, et même davantage. En le réalisant il/elle agit pour le bien commun à tous, dont il/elle fait partie. Un bien qui lui reviendra comme amplifié par la suite d’une manière ou d’une autre. La solidarité qui nous lie nous conduit et nous oblige à agir ainsi.

Rappelez-vous qu’il y a 3 cours en audition libre en bas de la page d’accueille de notre site.

Avec un grand plaisir nous joignons les messages de Shalshélet et de la Yeshiva de Rav RISSMAK sur Bemidbar et sur Shavouoth.

HEYMANN shlita. ** “Torah Écrite et Torah Orale” est un cours exceptionnel de Rav Messod ‘HAMOU zatsal. *** “Le Don de la Torah, d’abord Forcé puis de Plein Gré” est un cours exceptionnel de Rav Yossef ‘Haïm SITRUK zatsal. Tous trois, parmi bien d’autres, se trouvent sur le site de Dvar Torah.

 Yehiel Yoel Gronner

Association DVAR TORAH – 33 (0)1 48 29 65 29 – info@dvartorah.org – www.dvartorah.org –