DE KIPPOUR À SOUKOTH, SHEMINI ATSÉRETH ET SIM’HATH TORAH : DES BALISES POUR CE CHEMIN ?
Manger la veille équivaudrait à jeûner le lendemain ?
Un, voire deux grands repas, sont pris le 9 Tishri, la veille de Kippour. Le 1er par exemple en début d’après-midi. Le second à une ou deux heures avant l’entrée de Yom Kippour. C’est dire que manger, lorsque c’est une Mitzva, équivaut à jeûner lorsque c’est aussi une Mitzva. Plus que cela : manger le 9 Tishri vaut comme avoir jeûné ce jour là et le 10 Tishri ! (Traité Pessa’him 68b – voir l’excellent développement qu’en fait Rav Éliézer Rissmak dans son message sur Kippour 5782, publié sur notre site à l’onglet « Parasha »). Nous voulons préciser : à la condition de jeûner le 10 Tishri. Nous aurons ainsi les Ko’hoth, les forces, pour jeûner, prier, nous repentir et demander pardon tout au long des environ 25 heures que dure Yom Kippour.
Vous avez dit crucial ?
Kippour est le jour où le Kohen Gadol, le Grand Prêtre, procède aux sacrifices expiatoires, d’une part en son nom et pour sa famille, et d’autre part au nom de tout Israël. Il entre seul dans le Kodesh Hakodashim, le Saint des Saints, où se trouve l’arche d’alliance, qui contient entre autres les Tables de la Loi. Vous savez, c’est sur la Kaporèth, le couvercle, que se trouvent les Kerouvim, les chérubins qui se font face. Ils expriment ce que Hashem « éprouve » envers Israël. Ce moment est le plus crucial et pour le Kohen Gadol et pour tout le Peuple. Si le Kohen Gadol n’est pas digne de sa mission, il n’en ressortira pas vivant. Dans ce cas, on le tirera hors du Saint des Saints à l’aide de la corde à laquelle il s’était attaché et qui le relie à l’extérieur. Par contre, s’il en ressort de lui-même, c’est le signe que Hashem a agréé ses prières. L’angoisse de l’attente mue alors d’un seul coup en une grande délivrance et une immense joie explose littéralement parmi tout le Peuple.
Améliorer sa position
C’est à la fin de Kippour qu’est apposée la signature sur ce que nous y avons écrit avec nos actes et notre Teshouvah. Il sera encore possible d’améliorer notre position et notre sort jusqu’à Hoshana Rabba, littéralement le grand Sauvetage ou la grande délivrance, à la fin de Soukoth, et même, selon les ‘hassidim, jusqu’à Hanouka.
Fragile et permanent ?
Dès la sortie de Kippour chacun se met à l’ouvrage pour construire sa Souka. Cette « cabane » un peu fragile qui l’abritera avec sa famille deviendra sa demeure « permanente » du 1er soir de Soukoth jusqu’au 8ème jour. En cas d’intempéries, il pourra réintégrer sa maison qui avait reçu pour Soukoth le statut de résidence provisoire.
Revivre la condition de nos ancêtres
La Souka rappelle l’habitat des Beneï Israël dans le désert après la sortie d’Egypte et durant les 40 ans de pérégrinations. Nos ancêtres jouissaient alors :
- des Ananeï Kavod, des nuées -auxquelles s’identifiaient d’ailleurs les Soukoth- qui protégeaient, déblayaient le chemin et même jouaient le rôle de « pressing », rendant constamment leurs vêtements propres et frais, qui ne s’usaient pas et restaient toujours adaptés à la taille de ceux qui les portaient,
- de la Manne, ce « pain » miraculeux qui très vite rassasiait et prenait toutes les saveurs souhaitées,
- du puits de Miriam, cette source d’eau pure qui les suivait partout et les abreuvait ainsi que leurs troupeaux.
De sorte qu’en séjournant dans la Souka durant 7 jours, nous nous plaçons sous la protection de Hashem. Et ainsi, il nous est donné de revivre un tout petit peu la condition de nos ancêtres ! Ils bénéficiaient d’un miracle permanent, pénétrés -hormis lors de quelques tristes relâchements- d’une très grande Émouna, une confiance absolue en Hashem.
S’unir avec la Création ?
Soukoth est l’un des trois rendez-vous annuels, avec Pessa’h et Shavouoth, où il est demandé à chaque Ben Israël de se présenter au Temple, devant l’Eternel. Ceux qui n’ont pu apporter leurs Bikourim à Shavouoth le feront alors. Il s’agit de l’offrande des prémices, des plus beaux fruits d’Éretz Israël, provenant de leur récolte, qui est remise au Kohen, tout en remerciant et en louant Hashem pour tous les bienfaits qu’Il leur a prodigués.
Il nous est donné à Soukoth l’occasion de marquer notre lien avec les plus grands hommes de notre Peuple. Ceux qui ont façonné notre histoire et celle de toutes les générations depuis lors, donc de chacun d’entre nous. De fait, ils nous unissent à l’ensemble de la création qui est matérialisée par le Ciel, la Terre et les 4 points cardinaux. Comment ? En secouant dans ces 6 directions les 4 Minim, ou 4 espèces, réunies en bouquet dans nos mains. Il s’agit, vous le savez tous, du Loulav, la branche de palmier-dattier, du Hadass, les 3 tiges de myrte, de la Arava, les 2 branches de saule, et enfin de l’Étrog, le cédrat. Or chacun représente notamment l’un des très illustres hommes hors du commun que nous venons d’évoquer. Ainsi, le Loulav représente Yossef, le Tsadik. Les 3 branches de myrte, odoriférante, représentent les grandes et belles actions des Patriarches Avraham, Yits’hak et Yaakov. Les 2 branches de saule illustrent la modestie de Moshé et de Aharon. Le Étrog rappelle la royauté de David Hamélèkh. Pénétrer le sens profond de chacune de ces 4 espèces pourrait être ce que nous pourrions essayer de rechercher durant la fête de Soukoth. Auriez-vous envie de tenter de les trouver et de nous les communiquer pour les partager ? Notez d’ores-et-déjà que ces 4 espèces réunies en bouquet sont désignées sous le nom générique de Loulav et qu’elles ont, ensemble, un pouvoir très particulier.
Une histoire vraie !
Alors qu’Israël se recueillait dans les synagogues, la guerre dite « de Kippour » éclata. Sous l’effet de la surprise, les premières lignes avaient cédé et bien des positions de l’armée d’Israël subissaient des revers. Le danger était extrêmement palpable. Malgré cela, durant Soukoth, des ‘Hassideï ‘Habad sillonnaient le Sinaï, allant d’un bataillon à l’autre proposer d’accomplir la Mitzva du Loulav. Un « Tankiste » commandait l’un des tanks. Il était originaire d’un kibboutz où l’esprit de nos traditions n’était pas vraiment mis en valeur. Il se sentait étranger au rituel du Loulav et cette Mitzva n’évoquait rien pour lui. Il resta dans son tank, observant cette longue queue de soldats qui attendaient. Il était intrigué de voir combien tous ses compagnons d’armes prenaient un soin particulier à secouer le Loulav -avec le Hadass, la Arava et l’Étrog-. Finalement, il céda et rejoignit le groupe. Son tour arriva. Il saisit le Loulav et sous l’instruction du ‘Hassid, il dit la Brakha, la bénédiction, et commença à agiter les 4 espèces comme le ‘Hassid le lui avait indiqué. C’est alors qu’un obus pulvérisa son tank. Le « Tankiste » était indemne, D.ieu merci, mais il tremblait comme une feuille. On dirait que tout son corps vibrait des secousses qu’il imposait au Loulav. Il fut tellement impressionné par ce qui lui était arrivé, qu’il fit une Teshouva complète. Sa femme était alors enceinte. Elle donna naissance à une fille, qu’il appela Loulava.
Chronologie des solennités : (selon le calendrier de la C.I.O.P.)
KIPPOUR – 10 Tishri (du mercredi 15 sept à 19:45 à Paris, au jeudi 16 Sept à 20:49 à Paris).
SOUKOTH 1er jour – 15 Tishri (du lundi 20 sept à 19:34 à Paris au mardi 21 sept à 20:38 à Paris)
SOUKOTH 2ème jour1 – 16 Tishri (du mardi 21 sept à 20:38 à Paris au mercredi 22 sept à 20:36 à Paris)
‘Hol Hamoed2 – jusqu’au 20 Tishri (depuis la fin du 2ème jour de soukoth jusqu’avant le début du 21 Tishri, veille de
Hoshana Rabba3 – le 21 Tishri (du dimanche 26 sept à la nuit et le lundi 27 sept jusqu’à l’entrée de
SHEMINI ATSÉRÈTH4 – 22 Tishri (du lundi 27 sept à 19:19 à Paris au mardi 28 sept à 20:23 à Paris), suivi de
SIM’HATH TORAH5 – 23 Tishri (du mardi 28 sept à 20:23 à Paris au mercredi 29 sept à 20:21 à Paris).
À tous, nous souhaitons d’être bien inscrits dans le Grand Livre de la vie et de vivre ces fêtes dans la plus grande joie, celle que procure la sainteté que recèlent SouKoth, Hoshana Rabba, Shemini Atséreth et Sim’hath Torah, qui viennent juste après la célébration de Yom Kippour.
Ktiva Ve’Hatima Tova et ‘Hag Saméa’h !
Nous vous invitons à vous rendre au centre de la page d’accueil de notre nouveau site www.dvartorah.org où vous pourrez entendre à votre aise trois grands cours, en ce moment sur Kippour et Soukoth. De même, à l’onglet « Parasha » découvrez chaque semaine le Dvar Torah de Rav Eliézer Rissmak shlita.
Si vous avez accès à un fichier mails de membres de votre communauté, n’hésitez pas à leur transmettre ce message, si vous le pouvez !
Avec nos meilleures pensées,
! טובה וחתימה טובה שנה
Notes :
1. Hors d’Éretz Israël le 2ème jour est fêté en tant que Moed, jour de fête à part entière. En Israël ce jour est ‘Hol Hamoed.
2. ‘Hol Hamoed – le profane est associé à la fête, c’est donc une demie-fête où un certain nombre d’actes de la vie courante nécessaires à la fête peuvent être accomplis sans restriction. Il est cependant plus que conseillé de préserver la solennité de ces jours et, si on le peut, de s’abstenir de tout travail, sauf pour réaliser une Mitzva pour les besoins de la fête, par exemple, reconstruire la Souka qui se serait écroulée, ou couper du feuillage pour le toit de la Souka, etc… Bien entendu lorsque Shabbath arrive au milieu de ces jours, il s’installe avec toute la Kedousha, la sainteté, qui lui est réservée.
3. 7ème jour de la fête de Soukoth où la joie est en quelque sorte à son apogée et s’exprime avec plus de force encore. Chaque jour de Soukoth, lors de la prière du matin, l’assemblée fait une Hakafa, une ronde, autour de la Téva, la table sur laquelle on lit les rouleaux de la Torah. Mais à Hoshana Rabba on fait sept Hakafoth. Une façon d’attirer la Brakha, la bénédiction, notamment pour des pluies abondantes qui font vivre, à l’instar de la Torah qui est la vie. Cela évoque la conquête de Yeri’ho (Jérico). Durant chacun des 6 premiers jours le peuple tourna une fois autour de la ville –accompagné de l’arche d’alliance, au son des trompettes et du Shofar-. Par contre, le 7ème jour, qui était un Shabbath, le Peuple tourna 7 fois autour de la ville. C’est alors que les murailles s’enfoncèrent dans le sol et que la ville pu être conquise.
4. Est un jour supplémentaire, comme une fête à part entière, que nous a octroyé le Maître du monde. Comment cela ? Nous nous sommes tellement réjouis de tous Ses bienfaits et nous L’en avons tellement loué et remercié que Hashem a voulu nous garder, nous, Ses enfants, auprès de Lui, encore un jour de plus. Et, en dehors d’Éretz Israël, nous pouvons encore manger dans la Souka, mais sans faire de Brakha, de bénédiction. En Eretz Israël ce jour est associé à Sim’hath Torah -ne constituant qu’un seul jour-. Il est l’occasion d’une très grande réjouissance.
5. En dehors d’Éretz Israël, chaque jour de fête est doublé d’un second jour -à l’exception de Rosh Hashana où les 2 jours sont considérés comme ne faisant qu’un seul et long jour, et cela est également le cas en Éretz Israël-. Ce 2ème jour de fête est en dehors d’Éretz Israël consacré à fêter la Torah qui est notre vie et sans laquelle nous n’en n’aurions pas, à D.ieu ne plaise.