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Parasha – 218 – Choftim – 5785

בס »ד
La Paracha Choftim complète les recommandations adressées aux Bené Israël au seuil de l’entrée en Erets Israël.
La Torah dit : « Lorsque tu viendras vers le pays que Hachem ton Dieu te donne, n’apprends pas à faire comme les abominations de ces peuples ! On ne trouvera pas chez toi quelqu’un qui fasse passer son fils et sa fille dans le feu, etc… car c’est l’abomination de Hachem quiconque fait ces choses, et à cause de ces abominations Hachem ton Dieu les évince devant toi. Sois intègre avec Hachem ton Dieu ! Car ces peuples que tu évinces écoutent les « meonenim et les kosmim » (diverses sortes de procédés divinatoires …), et toi ce n’est pas ainsi que Hachem ton Dieu t’a donné. Un Navi (Prophète du sein de tes frères, comme moi, Hachem ton Dieu élèvera pour toi, lui vous écouterez ! » (Devarim 18, 9-15).
Ces versets soulèvent diverses questions :
– Quelle crédibilité ont les pratiques divinatoires des peuples pour que la Torah juge nécessaire de nous les interdire ?! La Torah viendrait-elle proscrire des comportements stupides sans la moindre valeur ?!
– Le verset stipule (18, 13) : » Sois intègre avec Hachem ton Dieu ! » Que vient ajouter ce verset qui n’est pas inclus dans les interdits qui le précèdent ?
– Rachi (basé sur le Midrach Sifri (66)) dit que ce verset nous exhorte à ne pas chercher à connaitre l’avenir.
Pour quelle raison aurions-nous alors besoin d’un Navi pour remplacer les devins de toutes sortes ?!
« Sois « Tamim » (intègre) avec Hachem ton Dieu ! »
En quoi consiste cette injonction ? quelles en sont les applications pratiques ?
Rav Chimchon Raphaël Hirsch explique ce verset ainsi : la « Temimout » (l’intégrité) exigée pour les Korbanot (les Offrandes à Hachem) et pour ceux qui les présentent dans le Beth HaMikdach (Temple) représente la Temimout exigée pour notre dévouement à Hachem.
L’Homme dans son entité, dans toutes ses implications doit se dévouer à Hachem. Cette Temimout découle de la conscience de l’Unicité de Hachem, et concrétise la vocation du Peuple choisi, Peuple totalement « acquis » à Hachem.
Aucune fibre de notre sort et de nos actes ne doit se détacher de Hachem ! Nous devons être avec Lui totalement !
Rav Hirsch souligne que tous les comportements idolâtres décrits dans les versets précédents sont déjà exclus par les versets précédents. Hachem seul est le guide de notre sort et de nos actes. Rav Hirsch conclut que, si l’homme « Tamim » avait besoin de connaitre l’avenir, ce n’est que de Hachem que nous attendrions des directives relatives à nos actes, si ce n’est que Hachem nous a déjà donné dans Sa Torah tout ce qui est nécessaire dans ce sens. Mais en vérité, le « Tamim » se livre totalement à Hachem dans son sort et dans ses actes ; dans son quotidien il s’applique à mettre en œuvre la mission qui lui est dévolue. Et pour ce qui est de sa réussite et de tout son avenir, il s’en remet totalement à Hachem. Et il n’a donc pas recours aux services d’un Navi pour cela.
L’obligation « Sois « Tamim » englobe ainsi plus que l’interdiction des procédés divinatoires idolâtres des versets précédents ! Elle englobeque nous nous éloignions de toutes les autres sortes de dévoilement de l’avenir.
Rav Its’hak Ayzik Scherr (Leket Si’hot Moussar p.379-387) développe ce sujet en commençant par soulever la contradiction apparente dans Rachi qui dit d’abord qu’il faut être entier avec Hachem et ne pas scruter l’avenir, avant de conclure que Hachem nous a accordé le Navi (Prophète) et les Ourim VeToumim (les réponses obtenues en interrogeant Hachem par l’intermédiaire du Cohen Gadol, qui obtient de Hachem une réponse par les lettres sur les pierres du ‘Hochen (Pectoral) pour répondre au besoin d’information. Rav Scherr explique qu’effectivement, pour tout ce concerne nos activités matérielles, nous n’avons pas à chercher à connaitre l’avenir, même par l’intermédiaire d’un Navi. La consultation du Navi n’a pour objectif que de recevoir une indication relative à notre Avoda (Service) pour Hachem.
Il cite l’épisode où Chaoul – futur Roi d’Israël, était parti à la recherche des ânesses de son père qui s’étaient égarées. Après plusieurs jours de recherche infructueuse, son serviteur lui suggéra d’aller consulter le Navi Chemouel. Celui-ci avait reçu préalablement l’ordre de Hachem qu’il devait oindre comme Roi d’Israël celui qui viendrait le consulter.
Comment comprendre, demande Rav Scherr, que Chaoul ait pu venir chez le Navi au sujet d’une simple question d’ânesses ?! Il répond qu’en réalité la question de Chaoul n’était pas d’ordre pratique, mais de comprendre pour quelle faute Hachem lui avait retiré un « outil » de sa Avoda. Chaoul voulait savoir quel élément il devait réparer parmi ses actes ?
Rav Scherr continue et explique que ceux qui venaient solliciter un Navi ne formulaient pas réellement de question. S’ils étaient reçus par le Navi, ils s’asseyaient face à lui, et attendaient que le Navi leur transmette le message de Hachem. Si le Navi recevait un message pour eux, l’objectif était exclusivement l’amélioration de leur comportement face à Hachem.
Rav Scherr explique encore que cette notion ne contredit pas l’obligation de : « Qui est ‘Hakham, celui qui voit ce qui va venir ! » (Guemara Tamid 32a). Là-bas il s’agit de scruter le passé pour savoir gérer le comportement à venir. C’est ce que dit le verset : « Souviens-toi des jours du monde, comprenez les années (ou « les changements ») de génération en génération » (Devarim 32, 7). Il illustre cela par le passage à la fin de notre Paracha (20, 1-9), où au seuil d’une guerre, ceux qui ont entamé une démarche telle que la construction d’une maison, le mariage, où la plantation d’une vigne, sont invités à quitter le front avant la bataille, de peur qu’ils ne meurent et ne mène pas leur entreprise à sa conclusion. Rachi (20, 8) explique que s’ils n’obéissent pas aux paroles du Cohen, et partent au front, ils méritent de mourir …
Mais est-ce une faute de renoncer à une dispense ?! Rav Scherr explique qu’il ne s’agit pas ici de « pitié » pour ceux qui sont au milieu d’une démarche. Le véritable sens est que la guerre elle-même n’est qu’une épreuve que Hachem nous envoie pour « tester » notre confiance en Lui. Ceux que Hachem a amené avant cette guerre à entreprendre une de ces entreprises doivent comprendre que Hachem leur a dévolu une autre épreuve que celle de la guerre. Pour eux, quitter leur place là où Hachem les a placés, même pour accompagner les autres Juifs à la bataille, est une forme de « désertion » de leur propre épreuve qui justifie la condamnation Divine éventuelle que Rachi a expliquée. (Nous sommes très loin des considérations politiques à la mode dans les milieux étrangers à tout regard basé sur la Torah …).
Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, p.114) s’interroge sur le fait que la Mitsva « Sois « Tamim » (intègre) avec Hachem ton Dieu ! » ne soit pas comptée par le Rambam et autres Maitres parmi les 613 Mitsvot. Il répond que cette Mitsva est une concrétisation de la Emouna. La Emouna comporte deux sens : le fait de croire simplement en Hachem, et la « confiance » qui fait que l’homme ne se pose pas la moindre question sur ce que Hachem lui amène comme épreuve. Tel était le niveau d’Avraham Avinou qui ne s’est pas étonné si peu que ce soit de la contradiction apparente entre les promesses de Hachem concernant sa descendance, et la Mitsva d’amener son fils Its’hak en offrande …
Rav Bérézovski explique ainsi qu’il y a divers accès à la soumission totale à Hachem : à partir de l’amour sans borne pour Hachem, à partir de la Yir’a (« Crainte »), ou encore issue de la Emouna, la confiance absolue en Hachem.
C’est de cette dimension qu’il est question dans la Mitsva de « Sois « Tamim » (intègre) avec Hachem ton Dieu ! ». Il ne s’agit donc pas d’une « Mitsva » en soi, mais d’un niveau de Emouna supérieur. Comme d’autres Mitsvot, telles que : « Tu feras ce qui est droit et bon », ou : « Soyez Kedochim pour Hachem votre Dieu », le Ramban explique chacune de ces injonctions comme des niveaux « supplémentaires » dans la Avoda dans une progression sans limite.
Rav Moché Ye’hiel Epstein (Beér Moché, p.639) cite le Maharal (Netiv HaTemimout) qui explique que le « Tamim » n’a aucune réflexion personnelle pour guider ses pas. Il est entièrement entre les mains de Hachem. Il ne s’agit bien évidemment pas d’une « simplicité » primaire, mais au contraire d’un niveau supérieur acquis par la perfection de la Emouna. L’homme qui atteint un tel accomplissement n’a que ce que Hachem lui accorde, et est ainsi « avec Hachem ».
Le Maharal développe là-bas que deux qualités s’associent : « Yachar » (« Droit ») qui implique la compréhension humaine, et « Tam » (« Intègre ») qui en est affranchi. Yaacov Avinou est décrit par les deux termes. Ces démarches sont complémentaires, la « droiture » réfléchie destinée à la relation à autrui, tandis que l’homme doit atteindre le niveau de « Tam » dans sa relation personnelle à Hachem et aux évènements qui l’impliquent exclusivement.
Le Sfat Emet développe au long de ses enseignements sur cette Paracha que la « Temimout » est l’apanage des Bené Israël. Jusqu’à Matane Torah (Le Don de la Torah), l’ensemble de l’humanité était régi par l’intellect, correspondant au niveau naturel du Monde, fixé lors de la Création. Au Mont Sinaï, Hachem a octroyé aux Bené Israël ce niveau supérieur qui les place au-dessus des règles élémentaires de la nature. Notre dimension profonde est donc appelée à s’exprimer dans cet attachement total à Hachem.
Cette « Temimout » qui est l’apogée de la Emouna, nous aide à comprendre la Guemara (Makot 24a) qui décrit une série de « réductions » apparentes des obligations de la Torah au fil des générations jusqu’à arriver à résumer la Torah par la Emouna. Il ne s’agit pas de nous satisfaire d’une Emouna « de base » ! Il s’agit, comme il apparait des explications de la Guemara là-bas, de « cibler » le point essentiel auquel nous devons viser dans nos efforts : une Emouna parfaite du niveau de la « Temimout » !

