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Parasha – 212 – Pin’has – 5785

בס »ד
La Paracha Pin’has constitue une étape supplémentaire dans la transition entre l’époque du désert et l’entrée en Erets Israël.
Après que Hachem ait ordonné à Moché Rabénou de compter les Bené Israël appelés à entrer en Erets Israël (Bamidbar 26, 3-51) et défini le mode de partage de la Terre d’Israël entre les tribus (52-56), la Torah présente la requête des filles de Tselofrad d’hériter de la part destinée à leur père qui était mort dans le désert sans laisser derrière lui des fils qui auraient hérité de sa part d’Erets Israël (27, 1-11).
Hachem répond à cette demande en enseignant à Moché les lois de l’héritage.
Ensuite, Hachem dit à Moché Rabénou de préparer son départ de ce Monde en montant sur la montagne de laquelle il verra tout Erets Israël, le seul contact avec la Terre d’Israël auquel il aura droit, à distance (27, 12-14). Il ne s’agit bien sûr pas d’un simple regard « touristique », et il est évident que ce « regard » de Moché Rabénou avait pour but de préparer l’entrée des Bené Israël en Erets Israël, et de construire l’évolution de toutes les générations, même si ces notions échappent à notre compréhension.
Après que Hachem lui ait confirmé Son décret qu’il n’accompagnera pas les Bené Israël en Erets Israël, Moché Rabénou sollicite de Hachem de nommer celui qui guidera les Bené Israël dans cette étape décisive. Hachem lui dit de préparer son Talmid (Disciple) Yehochou’a à cette fonction (27, 15-23).
Les termes de la demande de Moché Rabénou et la réponse de Hachem nous tracent le portrait de ce que doit être un Guide du Peuple Juif.
Moché Rabénou demande : « Que Hachem, Dieu des « esprits » pour toute chair nomme un homme sur l’Assemblée, qui sortira devant eux, et qui entrera devant eux, et qui les fera sortir, et qui les ramènera ; et que l’Assemblée de Hachem ne soit pas comme le troupeau qui n’ont pas de berger ».
Hachem lui répond « Prends (toi) Yehochou’a Bin Noun, un homme avec un « esprit » en lui … ». L’analyse de cet échange définit le rôle d’un guide au sein de notre Peuple.
Rachi (27, 16) explique que Moché Rabénou souhaitait que ses fils lui succèdent à la tête d’Israël.
Hachem lui répondit que ce n’était pas Son projet. Du fait que Yehochou’a n’a jamais quitté la Tente où il étudiait la Torah, il est apte à prendre la relève. Moché Rabénou demandait comme successeur un homme animé d’un « esprit », comme le montrent les termes de sa requête, et ceux de la réponse de Hachem.
Rachi (16) fait allusion au Midrach (Bamidbar Rabah, 21, 14) qui développe le dialogue entre Moché Rabénou et Hachem. Moché prend appui sur les lois de l’héritage que vient de lui enseigner Hachem pour solliciter que ses fils lui succèdent. Mais Hachem lui répond : « Tes fils sont restés assis, et ne se sont pas « occupés » à la Torah ; Yehochou’a t’a abondamment servi, et t’a abondamment honoré ; et il était présent tôt le matin et tard le soir à ta maison de réunion ; il arrangeait les bancs et il tendait les nattes. Puisqu’il t’a servi de toute sa force, il convient pour servir Israël …« .
Comment comprendre le souhait de Moché Rabénou ? Si ses fils étaient réellement aptes à cette fonction, comment comprendre la réponse de Hachem ?! Et s’ils n’étaient pas « à la hauteur » de cette tâche, comment
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Moché Rabénou pouvait-il envisager qu’ils lui succèdent, juste parce qu’ils étaient ses fils ?! S’agirait-il ici de prérogatives « politiques » ou communautaires ?!
Rav Chalom Tsvi Chapira (HaMaor ChèbaTorah, p.229) explique que certainement Moché Rabénou percevait que ses fils étaient aptes à assumer cette fonction. Et il n’aurait jamais exprimé un tel désir si ses fils n’avaient pas consacré leur énergie à l’étude de la Torah !
Aussi nous devons comprendre que le langage de nos Hakhamim (dans le Midrach) est fondamentalement différent de notre langage, hélas bien pauvre !! Ce que nous entendons par « se consacrer à la Torah », et le niveau où la Torah place la barre est très différent ! Même le regard de Moché Rabénou ne pouvait pas percevoir ce que Hachem lui a exprimé.
C’est également l’avertissement que nous adresse Rav David Powarski (Yichmerou Daat, p.247) que nous devons
savoir que le langage de la Torah n’est pas du tout notre langage !
Toutes les critiques formulées par la Torah sur divers personnages de notre histoire portent sur des traces presque imperceptibles aux intéressés eux-mêmes.
Les fils de Moché étaient certainement aptes à prendre cette fonction, même si Yehochou’a leur était supérieur. Mais reste à savoir en quoi la notion d’héritage aurait eu place dans ce contexte ?!
Le principe même de l’héritage est déconcertant !
Tous les êtres vivants laissent après eux des descendants, et chez aucun ne se manifeste un besoin « d’héritage » pour « démarrer dans la vie » Pourquoi l’Homme devrait-il dépendre des « restes » de ses prédécesseurs pour vivre ?!
La vérité est toute autre ! Il ne s’agit pas d’accorder une gratification à son successeur, mais de lui confier la continuation de la mission de son prédécesseur !
Chaque homme reçoit de Hachem les moyens correspondant au but qui lui est assigné dans son existence. Ces moyens comprennent les capacités physiques, intellectuelles, le contexte familial et social dans lequel il évolue. Les moyens financiers sont un des éléments de ces données. Dans le principe, chacun est supposé exploiter tout le « capital », y compris le temps d’existence pour remplir la mission que Hachem lui a assignée sur terre. S’il n’a pas utilisé tout son « capital », il revient à ses proches, et plus particulièrement à ses enfants, de compléter sa « tâche », en pérennisant ses qualités et en utilisant tous ses « outils » pour la Gloire de Hachem !
Telle était l’attente de Moché Rabénou dans la poursuite de sa mission par ses fils. Toutefois Hachem lui signifia que cette continuité passerait plutôt par son Talmid, Yehochou’a !
Aussi il nous reste à comprendre en quoi consistait la supériorité de Yehochou’a que Hachem a soulignée, comme le Midrach la présente.
Rachi explique la demande de Moché Rabénou : » Que Hachem, Dieu des « esprits » pour toute chair nomme un homme sur l’Assemblée; qui sortira devant eux, et qui entrera devant eux; et qui les fera sortir, et qui les ramènera; et que l’Assemblée de Hachem ne soit pas comme le troupeau qui n’ont pas de berger » (27, 16-17): Moché a dit devant Hachem : « Maître du Monde, est dévoilé devant Toi l’esprit de chacun, et ils ne sont pas semblables l’un à l’autre; Nomme sur eux un guide qui supporte chacun selon son esprit ! ».
Rav Chalom Chapira reprend les termes du Midrach, et les analyse. Tout d’abord, manifestement la différence entre l’assiduité de Yehochou’a et celle des fils de Moché que souligne le Midrach n’était perceptible qu’au « Regard » de Hachem, puisque Moché lui-même ne l’a pas vue.
D’autre part, le Midrach met en avant le « Service » que Yehochou’a dédiait à Moché Rabénou, jusqu’à arranger le Beth HaMidrach (Lieu d’enseignement) pour les élèves.
Rav Chapira explique que ce ne sont pas deux notions distinctes, mais des facettes complémentaires. Celui qui met son assiduité dans la Torah « scrute » son Rav et le « sert » afin d’apprendre le maximum de lui.
Rav Eliachiv (Divré Agada, p.319) dit que certainement les fils de Moché Rabénou étaient « à la hauteur ». Mais la supériorité de Yehochou’a tenait à ce qu’il « préparait » les bancs », il agissait pour les autres. Rav Eliachiv explique ainsi la Michna dans Avot (3, 4) « Celui qui est éveillé la nuit, et celui qui chemine seul, et celui qui tourne son cœur vers la « vanité » est coupable de son existence ». Il explique qu’il s’agit de celui qui voit son environnement plongé dans le « sommeil » de l’ignorance ; ils sont dans la nuit, et lui seul est « éveillé » ; et de plus il « chemine seul », il a choisi le juste chemin et y avance, mais seul, sans se préoccuper des autres ! Et il « tourne son cœur vers la « vanité », il considère vaine toute tentative d’influencer les autres ; ça ne « marchera » pas ! Il « est coupable de son existence », car en restant seul dans sa démarche il est lui-même en danger ! (Cette responsabilité ne s’applique bien sûr que dans la mesure du niveau de l’homme, et sans parler de s’abaisser de niveau comme le développe Rav Dessler (Mikhtav MeEliahou II, p.212).
Rav Tsvi Chraga Grossbard (Daat Chraga, p.161) cite Sforno qui explique que la grandeur de Yehochou’a résidait dans sa soif inextinguible de Torah.
Rav Chalom Chapira (HaMaor ChèbaTorah, p. 232) explique que la qualité « d’écoute de chacun » se trouvait en Yehochou’a du fait de son attachement particulier à la Torah. Le fait d’arranger les bancs du Beth HaMidrach manifestait que la Torah lui était précieuse, comme le propriétaire d’une affaire veille par lui-même aux moindres détails, jusqu’à l’ordre superficiel. Il s’agit donc d’une grandeur totalement différente de la générosité du Chamach bénévole du Beth Haknesset.
Rav David Powarski (Yichmerou Daat, p. 249) explique le fait de « supporter » chacun selon son esprit. Il ne s’agit pas ici de patience, et de « supporter » comme nous le comprendrions superficiellement. Il s’agit de reconnaître les qualités particulières de chacun et de l’accompagner dans son Service de Hachem.
De même que les Avot (Patriarches) avaient chacun leur chemin dans la Avoda (Service de Hachem), et Chamaï et Hillel les leurs, de même chacun doit trouver sa voie spécifique dans la Avoda.
Rav Powarski cite que Rabbi Yerou’ham Levovitz disait que celui qui prend sur lui des efforts particuliers (au-delà de ce qu’impose le Choul’han Aroukh, évidemment) qui ne sont pas de son niveau ressemble à celui qui porte un chapeau
haut de forme et se promène pieds nus …
C’est à cette grandeur de Service des Bené Israël que devait atteindre le successeur de Moché Rabénou :
accompagner chacun dans sa Avoda personnelle !
Rav Grossbard souligne que Moché Rabénou a demandé « que l’Assemblée de Hachem ne soit pas comme le troupeau qui n’ont pas de berger » ! Il explique qu’il y a des bergers qui se préoccupent du troupeau car ils sont rémunérés. Par contre il y a des bergers qui font paître leurs propres moutons. Ceux là veillent tout particulièrement sur leurs moutons, car ils veulent les voir prospérer.
C’est un guide animé d’une telle grandeur que Moché Rabénou demandait pour les Bené Israël.
Tel était l’héritage que devaient recevoir les successeurs de Moché Rabénou !
Tels sont, au fil des générations les Maîtres que Hachem donne à Son Peuple, à chaque génération selon son niveau …

