Parasha – 198 – Pessa’h – 5785

בס »ד

Nous voici réunis une fois de plus à la table du Séder pour lire la Hagadah et accomplir les Mitsvot du Séder de Pessa’h.

Nous contenterons nous de « commémorer » les évènements de notre glorieux passé ?! Y aurait-t-il place dans notre existence à un regard rempli certes d’émotion mais stérile tourné vers le passé ?! Le but de la Création se résumerait-il à un simple enchainement de péripéties historiques sans finalité ?!

La Torah nous dicte un regard radicalement opposé à une telle capitulation devant le vide apparent de l’existence !

Dans la Paracha Bo, à l’apogée de notre Délivrance d’Egypte, Hachem nous ordonne de transmettre le « relais » de l’Histoire du Monde à nos enfants. Cette grande mission est expriméepar le verset : « Tu développeras à ton fils ce jour (de la Mitsva du Séder de Pessa’h) en disant : « en vue de cela Hachem m’a fait (les miracles) à ma sortie d’Egypte ! » (Chemot 13, 8).

Ce verset concentre toute la vision de l’existence du Peuple Juif !

Hachem m’a fait : cette phrase au singulier ramène l’évènement grandiose à la dimension individuelle. Ce n’est pas la « quantité » qui valorise la Sortie d’Egypte avec tous ses prodiges ! Un « simple » Juif, au milieu des générations, indépendamment de la multitude, est le centre de cette Délivrance !

En vue de cela : le verset « rétablit » l’ordre de la causalité.

Ce n’est pas parce que Hachem nous a délivré de l’esclavage que nous nous asseyons à la table de Pessa’h ! Au contraire c’est en vue de cela que les évènements se sont produits !

Tout l’enchainement des péripéties de la Galout (Exil) et de la Gueoula (Délivrance) étaient dirigés vers l’accomplissement des Mitsvot.

Et plus encore ! La Hagadah commente ce verset en disant que cette Mitsva de formation de la génération montante ne peut se faire que « au moment où la Matsa et le Maror sont déposés devant toi  » ! « zèh » (cela) signifie que nous désignons du doigt la Matsa et le Maror. Il ne s’agit donc pas seulement de l’accomplissement général des Mitsvot, mais simplement de ces deux Mitsvot « isolées » de Matsa et Maror.

Mais plus encore ! il ne s’agit pas de tous les morceaux de Matsa et de Maror que j’ai consommés les années précédentes, et ceux que je consommerai les années à venir (Que Hachem me prête vie !) ! il n’est question ici que de la Matsa et du Maror que je montre du doigt !

Il ressort de là que lorsque je prononce ces paroles, j’apporte mon témoignage que tous les Prodiges de la Délivrance, et par la suite, toutes les péripéties de l’Histoire du Monde ont leur justification dans cette Mitsva ponctuelle que je m’apprête à accomplir en mangeant mon « cazayit » (mesure de la taille d’une olive) règlementaire de Matsa et de Maror !

Chaque action unique d’un seul Juif, accomplie conformément aux règles de la Torah justifie toute la Création !

La Massekhet Makot se conclut par la Michna (23b) : « Rabbi ‘Hananya Ben Akachia dit : « HaKadoch Baroukh Hou a voulu octroyer des mérites à Israël. C’est pourquoi Il leur a augmenté la Torah et les Mitsvot … » !

Cette Michna semble a priori surprenante ! L’abondance des Mitsvot est un poids supplémentaire… En quoi cela peut-il être considéré comme une source de « mérites » ?!

Le Rambam explique que selon les principes fondamentaux de la Emouna dans la Torah, lorsqu’un homme accomplit une des 613 Mitsvot comme il se doit, sans y associer la moindre intention personnelle, mais seulement pour elle-même, par amour de Hachem, il accède par cela au Monde à Venir.

Tel est l’enseignement de Rabbi ‘Hananya : Du fait de l’abondance des Mitsvot il est impensable qu’un Juif n’arrive pas à accomplir dans son existence ne serait-ce qu’une seule d’entre elles à la perfection. Et par le mérite de cette Mitsva qu’il accomplit, il accède à la vie !

C’est à une réalisation de ce niveau que nous aspirons lorsque nousdisons : « en vue de cela Hachem m’a fait (les miracles) à ma sortie d’Egypte ! ».

La Michna (Sanhédrin 37a) dit « …chacun a l’obligation de dire : « pour moi le Monde a été créé ! »

Affirmation qui peut paraitre présomptueuse…

Rav Its’hak Zeev Yadler (Tiférèt Tsion sur la Michna) l’explique ainsi : « Du fait qu’aucun (homme) ne ressemble à aucun autre dans son visage, de là nous savons que chacun possède sa réalisation personnelle dans un domaine particulier, de telle sorte que cet accomplissement ne peut pas être réalisé par un autre. Car le visage de l’homme témoigne de la place de sa racine dans l’âme, où se situe l’essentiel de l’accomplissement de l’homme. Aussi le Monde a été créé pour chacun particulièrement, parce que la réalisation qui est atteinte par lui est irréalisable par un autre « .

Voici donc la clé de la soirée du Séder de Pessa’h, et au-delà de cette soirée, celle de notre existence entière !

Hachem n’a conçu la Création entière que pour l’accomplissement parfait de chacun de nous, auquel nous pouvons et devons aspirer à travers la moindre de nos actions !

En vue de cela Hachem m’a fait (les miracles) à ma sortie d’Egypte ! »