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Parasha – 195 – Pekoude – Ha’hodesh – 5785

בס »ד
La Paracha Pekoudé marque l’achèvement de la réalisation du Michkan (Tabernacle).
Dans son introduction au Sefer Chemot le Ramban dit : » …la Galout (Exil) n’est pas achevée jusqu’au jour où ils sont revenus à leur place, et au niveau de leurs Pères … et lorsqu’ils sont venus au Har Sinaï, et ont confectionné le Michkan, et Hachem a ramené Sa Chekhina (Présence) parmi eux, alors ils sont revenus au niveau de leurs Pères … et alors ils ont été considérés libérés ; c’est pourquoi ce Sefer se termine avec l’achèvement du sujet du Michkan, et la Gloire de Hachem l’emplit en permanence. »
A l’issue de la description de la confection du Michkan, la Torah nous dit (Chemot 39, 33) : « ils amenèrent le Michkan à Moché … ». Rachi explique : « ‘ils amenèrent le Michkan à Moché car ils ne pouvaient pas l’ériger. Parce que Moché Rabénou n’avait pas participé à la confection du Michkan, Hachem lui réserva son érection ; car aucun homme ne pouvait le dresser du fait du poids des panneaux qu’il n’était pas de la force d’un homme de les dresser ; et Moché Rabénou le dressa ; Moché Rabénou dit à Hachem : « Comment est-il possible de l’ériger par l’homme ? » Hachem lui dit : « Agis toi avec tes mains, semblant l’ériger, et il se dressera de lui-même ; c’est ce qui est dit (40, 17) « le Michkan fut érigé », il s’érigea de lui-même ! » (Midrach Tan’houma).
Cet enseignement demande explication :
-En quoi l’érection du Michkan était-elle si difficile à réaliser ? Pourquoi un nombre d’hommes ne pouvaient pas le dresser ?! Et qu’en sera-t-il pour la suite, à chaque étape où les Leviim devront démonter et remonter le Michkan ?!
-De plus, si finalement même Moché Rabénou n’a pas réellement érigé le Michkan, mais n’a fait que « comme si » il l’érigeait, en quoi une telle participation « fictive » devait-elle le « consoler » de ne pas avoir pris part à la confection ?!
-En quoi Moché était-il particulièrement approprié pour cette participation « factice » ?! N’importe quel homme, apparemment, pouvait remplir ce rôle !
-Quel est le sens de ce qui semblerait être une simple « mascarade » ?! N’est-ce pas un « mensonge » ?!
-Et pourquoi Hachem a-t-Il programmé la confection d’un Michkan qui échappe finalement aux hommes auxquels Il a ordonné la Mitsva ?! Quel sens a la confection du Michkan par les Bené Israël, s’ils ne peuvent pas l’ériger eux-mêmes ?!
Rav Zalman Sorotskin (Oznaïm LaTorah, 39, 33) explique que l’érection du Michkan correspondait à la Création des Cieux et de la Terre. Aussi, de même que la Création est l’œuvre « individuelle » de Hachem, ainsi le Michkan devait manifester cette « unité » et être dressé par un seul homme. Le rôle du Michkan étant d’unifier les Bené Israël et d’en faire « Un Peuple uni », comme la barre centrale unifiait les éléments du Michkan lui-même (Chemot 26, 28), ce n’est que par Moché Rabénou, qui a « amené » la Torah dans ce monde, que cette unité pouvait être atteinte.
Rav Tsvi Chraga Grossbard (Tiférèt Chraga, p.235) cite pareillement le Midrach qui dit que même avec l’Inspiration Divine qu’a reçue Moché Rabénou, le résultat final était directement l’œuvre de Hachem : le Michkan s’est dressé de lui-même. Rav Grossbard souligne que Betsalel, dont la Guemara dit qu’il « savait assembler les lettres par lesquelles ont été créés les Cieux et la Terre », c’est-à-dire la « matière » fondamentale de la Création, était à la tête des ‘Hakhamim qui avaient confectionné le Michkan. Mais même avec une telle grandeur, le rôle de l’Homme dans ce monde est uniquement de « préparer », mais la réalisation finale qui mène au Monde de la perfection vient de Hachem. Le dernier « coup de marteau » au niveau humain était réservé à Moché Rabénou, l’Homme accompli par excellence. Mais même ainsi l’accomplissement final de la Création n’appartient que à Hachem ! Rav Grossbard ajoute (p.237) que le rôle du Michkan est de concrétiser l’unité entre Hachem, la Torah et Israël. Cette unité ne pouvait être réalisée que par Moché Rabénou qui a amené la Torah dans ce monde.
Rav Eliachiv (Divré Aggada, p.196) cite le Midrach (Chemot Rabah, 52,4) qui souligne que tous les ‘Hakhamim (Sages et compétents) qui avaient participé à la confection du Michkan ne pouvaient pas le dresser, et vinrent pour cela apporter les diverses « pièces » devant Moché Rabénou. Lorsque Moché Rabénou vit ces éléments, le « Roua’h HaKodech » (Souffle de Kedoucha-Inspiration Divine) reposa sur lui, et il l’érigea. Rav Eliachiv remarque qu’on n’érige pas le Michkan avec de la Connaissance, mais avec « Siyata DiChemaya » (L’Aide Divine). Il n’est pas question ici d’une réalisation matérielle, mais d’une dimension Divine. De même pour toutes les réalisations à venir, seule une démarche comparable à celle de Moché Rabénou peut aboutir à ce résultat.
Rav Zaydel Epstein (Hèarot, p. 159) soulève la question de l’apparente « mascarade » que constituait l’érection du Michkan par Moché Rabénou dont les forces ne pouvaient de toute façon pas suffire à la tâche. Il répond qu’en cela précisément consiste la grandeur particulière de Moché Rabénou. Seul lui pouvait « déclencher » l’intervention de Hachem pour ériger le Michkan. Ce n’est que par la force de la Torah que la Chekhina pouvait être amenée dans le Michkan. Le « défaut » apparent du fait que la réalisation n’est pas accomplie par l’Homme n’est pas en réalité un manque. Telle est la mission de l’Homme, de se purifier et se raffiner pour recevoir l’accomplissement final par Hachem.
Rav Epstein ajoute que de la même façon chacun doit reconnaitre sa véritable « grandeur » qui lui permet d’accueillir la venue de la Chekhina dans ses actions. Là est la réelle fonction de l’Homme dans la Création : être conscient que l’accomplissement réel vient de Hachem, mais que cette intervention de Hachem ne vient que lorsque l’homme tend de toutes ses forces dans ce sens.
Seul un homme ayant atteint le niveau de Moché Rabénou pouvait percevoir la place de son action limitée dans la réalisation réelle par Hachem, et comprendre que cette participation « infime » est une véritable participation à l’accomplissement de la Création.
Nous pouvons comprendre de ces diverses explications que pour appréhender pleinement la dimension de notre Avoda (Service de Hachem), il ne suffit pas d’avoir connaissance des hauts niveaux de la Création, comme c’était le cas de Betsalel. Il faut une véritable perception concrète que tout le fonctionnement du Monde, apparemment naturel, est actionné à chaque instant par Hachem. Une telle dimension ne pouvait se trouver que chez Moché Rabénou, « pont » entre les Mondes spirituels et le monde matériel, apte à agir en restant pleinement conscient du Ness (Miracle), c’est-à-dire de l’intervention constante de Hachem dans les moindres mécanismes naturels. C’est cet enseignement que concrétisait le Michkan, puis le Beth HaMikdach (Temple) au sein d’Israël et du monde.
Cet équilibre entre l’action et la conscience que tout, même l’aptitude à agir, est entre les mains de Hachem est le centre de nos efforts au long de l’existence. Pour cela, nous avons les diverses Berakhot que nos ‘Hakhamim ont institué de dire au long de la journée. Pour commencer les Berakhot du matin, par lesquelles nous exprimons que les moindres éléments de notre activité, comme voir, nous redresser de la position allongée, nous mouvoir, etc. …, restent liés à l’influx que Hachem nous accorde. En passant par notre alimentation et le fonctionnement végétatif de notre corps, à travers toutes les fonctions naturelles, comme nous l’exprimons dans la Berakha après nous être soulagés. Et jusqu’à l’accomplissement des Mitsvot qui dépend, après nos efforts, de l’aide de Hachem. Les générations passées en étaient conscientes, et l’exprimaient en disant « j’ai été « zokhé » d’une Mitsva », c’est-à-dire j’ai reçu une Mitsva en cadeau. A notre époque, imprégnée, malheureusement, de la culture des nations qui croient maitriser la nature, on dit facilement « j’ai fait une Mitsva », comme si on avait intégralement accompli la Mitsva par nous-mêmes, au point de nous étonner, presque, de ne pas avoir reçu le « remerciement » de Hachem pour « Lui » avoir offert notre Mitsva ! …
Nous lisons ce Chabat, en préparation de Pessa’h, la Parachat Ha’Hodech (Chemot 12, 1-20) qui décrit la première Mitsva que Hachem nous a donnée, encore avant de sortir d’Egypte : fixer notre calendrier selon le rythme de l’apparition régulière de la Lune. Le calendrier centré sur la périodicité de la Lune nous démarque des peuples qui vivent centrés sur le rythme « naturel » des saisons liées au Soleil, et pensent maitriser leur environnement. Chaque Roch ‘Hodech (Début du Mois), apparition nouvelle de la Lune après une période de déclin, nous rappelle que nous ne sommes pas « titulaires » de nos moyens d’existence et d’action. Notre vie est une suite ininterrompue de « descentes » et de « montées », comme les disparitions et réapparitions de la Lune. Cette Mitsva est venue introduire la Sortie d’Egypte et la construction du Peuple de Hachem, appelé à vivre tout son quotidien au rythme de la Torah. Ce n’est pas seulement les Mitsvot qui accompagnent tous nos instants qui définissent notre relation à Hachem. Notre Avoda (Service de Hachem) réside en vérité dans la conscience de notre dépendance permanente de Hachem comme nous l’avons vu relativement à la construction du Michkan,
Préparons-nous à renouveler à Pessa’h notre lien avec Hachem pour faire de notre existence entière un Michkan individuel, où la Berakha de Hachem viendra couronner nos efforts.

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