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Parasha – 226 – Beréchit – 5786

בס »ד
Après la description succincte de la Création et des premiers évènements, de la faute d’Adam Harichone et de celle de son fils Caïn, la Torah aborde « l’Histoire » du Monde (Beréchit 5, 1). La succession des générations depuis Adam jusqu’à Noa’h est introduite par le verset : « Ceci est le livre des descendances d’Adam … ».
Selon l’opinion du Ramban, ces termes se réfèrent à toute la Torah, car la Torah entière est le livre des descendances d’Adam Harichone.
Le Midrach enseigne qu’au moment où Adam était au seuil de son accomplissement final, Hachem lui montra chaque génération avec ses ‘Hakhamim etc. … et c’est ce qui est appelé le « Livre d’Adam Harichone » ! (Beréchit Raba 24, 2 ; Guemara Sanhédrin 38b).
La Guemara (Bava Metsia 85b) rapporte que Chemouel, le Talmid de Rabbi Yehouda Hanassi dit à son Maitre qu’il avait vu dans le « Livre d’Adam Harichone » qu’il accèderait au titre de ‘Hakham, mais ne recevrait pas la Semikha (Agrément) sanctionnée par le titre de « Rabbi ».
Il semblerait de ces enseignements qu’il existait, et jusqu’à l’époque de la Guemara, un « Livre » d’Adam Harichone !
Rav Moché Ye’hiel Epstein (Beér Moché, p. 184) soulève la question de la nature réelle de ce « Livre » ?
Pour répondre à cette question, il cite le Midrach (Beréchit Raba, 24, 5) selon lequel initialement, la Torah aurait dû être donnée à Adam Harichone. Le Midrach s’appuie sur le même verset qui mentionne le « livre d’Adam Harichone ». Rav Epstein cite encore le Zohar ‘Hadach (121a) qui rattache les deux notions, la Torah et le « Livre d’Adam Harichone ». Rav Epstein conclut que le « Livre d’Adam Harichone » est la Torah, et que c’est dans la Torah que toutes ces « révélations » sont « enfouies ». Ainsi le Midrach (Vayikra Raba 26) selon lequel Hachem montra à Moché Rabénou toutes les générations avec leurs guides désigne la Torah.
Rav Epstein explique encore que ce n’est pas pour une « simple information » que Hachem a montré les générations à Adam, mais pour l’utilité que son « regard » pouvait apporter à chacun.
Le Beér Moché continue et cite que le Gaon de Vilna dit que tous les évènements de l’Histoire, collectifs ou individuels, sont inclus dans la Torah. Ainsi toutes les Nechamot (les âmes) ont leur place dans la Torah.
Rav Epstein dit encore que dans la Torah, la racine de chaque personne est désignée par son nom. Au moment de la Brit Mila, Hachem inspire le père pour choisir le nom de son fils, sans qu’il en soit conscient lui-même.
Il rapporte au nom du Baal Chem Tov que le nom de l’homme correspond à sa Nechama. Chacun a une « identité » potentielle exprimée par son nom. Toutefois, le nom essentiel sera celui qu’il aura « acquis » par ses actes (Guemara Erouvin 13b). Rav Epstein conclut que l’idéal se réalise lorsque l’homme acquiert effectivement par ses actes le « nom » qui lui était destiné, c’est-à-dire qu’il accomplit ce pour quoi il est venu au Monde.
Une anecdote relative au Ramban (4954-5030 ;1195-1270) illustre ce concept de la Torah. Le Ramban avait un Talmid appelé Avner, qui quitta brusquement la Yechiva et se convertit au catholicisme. Il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie jusqu’à devenir Evêque. Des années plus tard, cet évêque convoqua son Rav à son palais à Yom Kippour. Devant le Ramban pétrifié, il égorgea un porc, le dépeça en cuisina un morceau qu’il mangea sous ses yeux. Après cette provocation, le Ramban demanda à son ancien Talmid pour quel motif il avait rejeté le Judaïsme ? Le renégat expliqua que c’était après avoir entendu de son Maitre l’affirmation qu’on pouvait trouver tout évènement, et tout Juif, dans la Paracha Haazinou. Puisque à ses yeux c’était totalement impossible, il décida de commencer une nouvelle vie … Le Ramban lui répondit qu’il maintenait son affirmation, et le mit au défi de lui demander ce qu’il voudrait dans ce sens. Sidéré, l’évêque mit son Rav au défi de trouver son nom dans cette Paracha …
Le Ramban se tourna vers un coin de la pièce pour prier, puis ouvrit le ‘Houmach à Devarim 32, 26, qui dit « Amarti Af’éhem Hachbita MéEnoch Zkhram » (J’ai dit : Je les soumettrai à Ma colère, j’anéantirai de l’Humanité leur souvenir). Le Ramban lui montra ce passage et lui dit « prends la troisième lettre des quatre derniers mots du Verset, et tu trouveras « Avner ». L’Evêque comprit instantanément et en fut horrifié. Pâle et désespéré, il demanda à son Rav s’il y avait encore un quelconque espoir pour lui ? Le Ramban lui répondit tristement : « Tu as entendu mes paroles », et se retira. Il est rapporté qu’Avner monta dans une barque sans rames ni provisions et disparut sans laisser de traces …
Cette anecdote, relativement proche de notre époque (qui ne date pas de l’époque du premier Beth HaMikdach avec les Neviim-Prophètes, ni du second, avec les Tanaïm et les ‘Hakhamim de la Michna), doit nous inspirer le respect de ce concept. Il ne s’agit pas évidemment, comme s’y complaisent les « férus d’informatique » d’interroger la Torah à l’aide de l’outil « magique » de notre génération pour y trouver, par le jeu des espaces de lettres de façon systématique, une allusion à n’importe quel évènement ou personnage célèbre. Une telle pratique est indigne du respect dû à la Torah. Ce n’est bien sûr qu’à travers une véritable Grandeur de Torah que Hachem peut inspirer, s’Il le juge utile, une telle perception.
Prenons enfin conscience de la grandeur de notre Torah qui couvre la totalité de l’Histoire du Monde.
Cette nouvelle année, nous reprenons à nouveau la lecture annuelle de la Torah. Puissent ces quelques enseignements nous amener à un regard authentique sur la grandeur et la profondeur de notre Torah et de notre être qui y est inscrit …

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