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Parasha – 224 – Yom Kipour – 5786

בס »ד
Dans la Michna (Youma 85b) Rabbi Akiva dit « Heureux êtes-vous Israël ! Devant Qui vous vous purifiez ! Et Qui vous purifie ! Votre Père Qui est aux Cieux ! … et il dit : « le Mikvé d’Israël est Hachem ». De même que le Mikvé purifie les impurs, ainsi Hachem purifie Israël ».
Cette Michna définit l’impact de Yom Kippour.
Nous parlons généralement de « pardon », de « Kapara » (Réparation, ou « nettoyage »). Mais en réalité, de quoi s’agit-il ? Que signifie la notion de pardon ?
Au niveau humain, le pardon existe-t-il réellement ?!
L’Homme est-il capable de « pardonner » et d’effacer la faute commise lorsque ses conséquences se font encore sentir ?! Le « pardon » humain n’est-il pas limité à un « abandon » de la dette, par « pragmatisme » dans la mesure où il est intéressé pour une raison, ou un ensemble de raisons, à maintenir ou rétablir une relation avec l’autre qui ne serait pas possible sans cette renonciation « réaliste » ?!
N’est-ce pas comparable aux moratoires que les créanciers (surtout au niveau international…) accordent à leurs débiteurs pour maintenir l’équilibre des relations internationales ?!
Toutes ces considérations peuvent-elles avoir place dans notre situation face à Hachem ?
Hachem est-il « astreint » à un tel « pragmatisme » ?!
Forcément nous devons redéfinir la notion de « Pardon » et de « Kapara », et donc le sens de Yom Kippour !
Rav Dessler (Mikhtav MéEliahou I, p.261) explique la notion de purification par le Mikvé. Il s’agit de sortir entièrement du monde du « mensonge », de la conception de « ce » monde, où règnent les apparences, qui cachent la réalité de la Création de Hachem. On ne peut se purifier qu’en entrant intégralement dans l’eau du Mikvé, qui représente la Torah. Même un cheveu ne doit pas être en dehors de l’eau du Mikvé ! Même le moindre écran ne doit pas isoler l’homme de l’eau du Mikvé ! L’eau du Mikvé doit être totalement « naturelle » sans le passage dans un quelconque récipient qui représente les utilisations de « ce » monde ! (Dans certaines conditions, une eau qui ne remplirait pas cette condition peut même disqualifier le reste de l’eau du Mikvé). De même, l’eau du Mikvé doit être « stable », pas courante, sauf dans le cas d’une source qui se renouvelle en permanence. Un Mikvé qui va en diminuant n’est pas apte à purifier !
Ainsi, Hachem est « Le Mikvé » d’Israël, à condition de s’attacher à Lui intégralement, sans la moindre réserve ! Il faut être pleinement conscient, jusqu’à la moindre fibre de notre personne, qu’il n’existe rien en dehors de Hachem ! C’est alors comme si on se « plongeait » dans Hachem.
Rav Dessler dit encore (Mikhtav MéEliahou III, p. 99) que l’attachement total à Hachem est en lui-même l’effacement de la faute. De même que la notion de faute est complètement étrangère à Hachem, ainsi, comme dans le Mikvé il n’y a pas place à l’impureté, ainsi l’attachement complet à Hachem écarte la notion de faute.
Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom II, p.173) développe les niveaux successifs de pureté. Après les niveaux de « nettoyage » de la faute et de ses « traces », vient un niveau de pureté « positive ». Les premières étapes consistent à faire nous-mêmes les efforts de Tahara (Purification) de nos actes et de leur empreinte en nous. La dernière étape de Tahara (dans la Michna citée au début de ce Dvar Torah) est amenée par Hachem lorsqu’Il nous élève aux plus hauts niveaux de Tahara que nos efforts personnels ne suffiraient pas à atteindre, mais qui ne nous sont ouverts qu’après que nous avons fait le maximum par nous-mêmes.
Mais quel est le secret de notre « plongée » dans une proximité telle avec Hachem, qu’elle peut être qualifiée de fusion, comme l’immersion dans le Mikvé ?
Rav Chalom Chapira (HaMaor ChèbaTorah, Devarim, p.168) amorce l’explication en citant la Guemara (Chabat 128a) qui rapporte nombre de nos ‘Hakhamim, dont Rabbi Akiva, qui disent que : « Les Bené Israël sont « Fils de Roi ! « . Rav Chapira cite encore plusieurs enseignements de Rabbi Akiva convergents :
– La Michna dans Avot (3, 14) dit : « Les Bené Israël sont précieux car ils sont appelés « Fils de Hachem ».
– La Guemara (Bava Batra 10a) ajoute : « Israël, même lorsqu’ils n’accomplissent pas la Volonté de Hachem, sont appelés « Fils ! «
– La Guemara (Youma 85b) citée au début de ce Dvar Torah : « Heureux êtes-vous Israël ! … »
Rav Chapira explique que c’est au titre de ce statut de « Fils », que Rabbi Akiva institua la Tefila « Avinou Malkénou » (Notre Père, notre Roi) (Guemara Taanit 25b).
Rav Chapira enchaîne en soulignant ce qu’implique le titre de « Fils » : « Un fils doit ressembler à son père ! »
De là découle la Mitsva de : »Vehalakhta Bidrakhav », « Tu iras dans Ses Chemins » (Devarim 28, 9).
Sur cette base, le Rambam (Hilkhot Déot, 1, 2) développe l’obligation d’adopter les « Midot » (démarches) que Hachem nous manifeste : de même que Hachem est « qualifié » par les Neviim de « ‘Hanoun », « Ra’houm » (Généreux, Miséricordieux) etc. … ainsi devons-nous nous comporter !
Rav Moché Kordovéro (Tomer Devora, Chapitre I) analyse les 13 « Attributs » de Ra’hamim (Miséricorde) de Hachem, qui sont la base de nos Tefilot de Tichri. Il s’attache à souligner la particularité de chacune, et conclut chaque paragraphe par le parallèle avec nos épreuves du quotidien. Chacune de ces Midot que nous manifeste Hachem dans la conduite du Monde doit nous servir d’exemple pour le comportement à adopter envers tous.
Rav Chapira souligne (au nom du Rambam) que notre « générosité » doit s’étendre à tous, jusqu’aux simples êtres vivants, tout comme Hachem se montre Lui-même généreux face à toutes Ses Créatures …
Rav Chapira conclut que telle est notre obligation de « Fils », et qu’ainsi peut se réaliser le verset (Devarim 28, 10) « Et tous les peuples de la Terre verront que le Nom de Hachem est « appelé » sur toi, et ils craindront « de toi » ! Il cite l’explication du Gaon de Vilna (Divré Eliahou, Ki Tavo) que le « de toi » dans ce verset signifie que par le fait de voir les Midot dans le comportement des Bené Israël, les non-juifs accèderont à la Yir’a (Crainte de Hachem).
Ainsi la « recette » pour nous plonger dans le Mikvé de Hachem consiste à « adopter » Ses Midot, comme le Tomer Devora nous les développe.
Dans son introduction au Tomer Devora, Rav Matityahou Salomon, Zatsal, (Machguia’h de Gateshead puis de Lakewood) explique que c’est le sens qu’attribue Rav Kordovéro au verset (Beréchit 1, 27) « Hachem créa l’Homme à Sa « forme ». C’est-à-dire que l’Homme est appelé à « ressembler » autant que possible à son Créateur.
Ces éléments nous permettent de mieux comprendre la notion de « Pardon », de Kapara. Effectivement, au niveau humain une telle notion n’existe pas !
Seul le Créateur peut « régénérer » l’homme par le lien intégral avec Lui. Mais l’homme ne peut avoir accès à cette « remise à neuf » que dans la mesure où il adopte pleinement son statut de « Fils » dans son comportement …
Tel est le « programme » que nous présente Rabbi Akiva pour accéder à la purification de nos fautes …
גמר חתימה טובה

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