Parasha – 221 – Nitsavim – 5785

בס »ד

La Paracha Nitsavim complète la vision de Moché Rabénou sur l’avenir d’Israël. Après les versets terribles de la Tokha’ha (Remontrance) de la Paracha précédente qui développaient les conséquences redoutables de l’écart de l’ensemble des Bené Israël du respect complet de la Torah (Devarim 28, 15-68), Moché Rabénou appelle le Peuple à un renouveau d’alliance avec Hachem, incluant la responsabilité mutuelle (29, 9-28).

Puis Moché Rabénou annonce l’accomplissement ultime de cette alliance qui mènera, à travers les tourments de la Galout à une prise de conscience et à un retour vers Hachem qui permettront le « retour » de Hachem vers nous (30, 1-10).

Pour expliquer le « miracle » de cette Techouva à la fin de la Galout, alors que toutes les souffrances des siècles et des millénaires n’auront pas suffi, Moché Rabénou explique (30, 11-14) que « tout ça » n’est finalement « pas si difficile ni compliqué »

Les versets disent : « Car cette Mitsva que Je t’ordonne ce jour, n’est pas inaccessible pour toi, et n’est pas lointaine. Elle n’est pas dans les Cieux pour dire « qui montera pour nous aux Cieux et la prendra pour nous, et nous la fera entendre et nous l’accomplirons ? « . Et elle n’est pas au-delà de la mer pour dire « qui traversera pour nous de l’autre côté de la mer et la prendra pour nous, et nous la fera entendre et nous l’accomplirons ? « Car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir ! » (30, 11-14)

Les commentateurs discutent sur l’identité de cette « Mitsva » :

– Rachi comprend qu’il s’agit là de la Torah dans sa totalité (verset 14).

– Le Ramban soutient qu’il est question de la Techouva (verset 11). Il justifie que c’est le sujet du passage immédiatement précédent (30, 1-2), et il explique que la Mitsva de Techouva est exprimée dans ces versets en termes « d’affirmation » et non de commandement pour faire allusion qu’il en sera ainsi.

Ces versets sont plus que surprenants ! S’il est si simple d’étudier profondément la Torah ou de « faire Techouva », comment se fait-il que nous en soyons tous si loin ?!

Le passage précédent assure qu’à la « fin des temps » nous reviendrons à Hachem.

Et les versets de ce passage expliquent que c’est « simple » ?! Car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir ! »

Rav Chimchon Raphaël Hirsch explique que les versets précédents soulignent que la Torah que Hachem a transmise à Moché est la base exclusive de notre destin à toutes les époques, et que la Torah est notre seul espoir pour l’avenir. Dans les mêmes versets, la Torah nous assure que malgré toutes les péripéties de notre sort, nous ne perdrons pas la Torah, et ne serons pas « perdus » pour elle. Nous lui reviendrons « de tout notre cœur et de toute notre âme » (verset 10).

Pour confirmer cette promesse, la Torah enchaine en soulignant que le contenu de la Torah est profondément proche de l’Homme, et livré à sa compréhension. C’est ce que la Torah dit ici : « Car cette Mitsva que Je t’ordonne ce jour, n’est pas inaccessible pour toi, et n’est pas lointaine ». Sa compréhension et son accomplissement ne dépendent pas de conditions exceptionnelles qui nous échapperaient. Elle ne nécessite aucune nouvelle révélation  » Elle n’est pas dans les Cieux », ni dans une localisation particulière :  » Et elle n’est pas au-delà de la mer » !  » Car la chose est très proche de toi », car tu es le sujet de la Torah ainsi que ton existence quotidienne !

Rav Hirsch ajoute que l’expression :  » Elle n’est pas dans les Cieux » vient réfuter quiconque se targuerait d’une révélation surnaturelle pour interpréter la Torah de façon « novatrice ». Tout ce qui est nécessaire pour l’accès à la Torah nous a été transmis par Moché Rabénou ! Ce passage parle ainsi de la Torah tout en confirmant la possibilité et la certitude de notre Techouva à l’aboutissement de la Galout (Exil).

Le Malbim affirme que ces versets s’appliquent à l’ensemble de la Torah et viennent compléter le passage précédent qui nous annonce qu’à la fin des temps nous servirons Hachem à un niveau extraordinaire, et qu’il n’y aura plus de fautes.
Comment est-ce concevable ?!

Comment Hachem va-t-Il transformer aussi fondamentalement l’Homme qui est attiré par la faute ?
Le Malbim développe qu’en réalité les deux « composantes » de l’Homme, l’âme et le corps ne sont pas plus prédisposés à la faute l’un que l’autre.
L’âme, de nature spirituelle, est attirée vers sa racine.
De son côté, le corps est comparable aux êtres vivants qui, par nature, recherchent ce qui entretient leur existence.
Comment, alors, le corps chercherait-il justement ce qui met sa vie en danger, la faute ?!
Le Malbim ajoute que ce n’est pas par la difficulté de la Torah que l’Homme s’en écarte, car, comme le dit le verset :  » Car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir ! ». C’est donc que l’obstacle réside dans le cœur qui amène certaines fois à des actions préjudiciables même à la vie matérielle. Cette capacité du cœur est qualifiée par la Torah de « Orla », « d’obturation du cœur ». Toute chose qui couvre et occulte s’appelle « Orla ». C’est donc cette « Orla » du cœur qui nous entraine aux fautes. Comment échapperons-nous à cette « fatalité » ? Le verset (30, 6) dit : « Et Hachem circoncira ton cœur et le cœur de ta descendance, pour aimer Hachem ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, afin que tu vives » !
Le Malbim applique également ce passage à la Techouva : « dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir ! ». Il faut, et il suffit, pour une Techouva véritable, que les paroles de la bouche soient confirmées par le cœur, avec l’engagement sincère d’accomplir toutes les Mitsvot dès que la possibilité nous sera donnée, y compris celles qui dépendent de la Terre d’Israël.
Mais cette Gueoula (Délivrance) du Yetser Hara (Penchant du Mal), que Hachem nous promet pour l’aboutissement de l’Histoire, et que tant de générations ont attendue et espéré voir enfin, comment se fera- t-elle ?! Le Yetser Hara est-il destiné à se dissiper brusquement sans que nous ne le percevions-même, peut- être pendant notre sommeil, comme une opération « sous anesthésie » ?! Et pourquoi une génération plutôt qu’une autre aurait-elle le privilège d’un tel cadeau « gratuit » ?!

La Guemara (Sanhédrin 97b) cite deux opinions sur la manière dont les évènements sont appelés à se dérouler. Un Tana (Rav de l’époque de la Michna), Rabbi Eliezer, dit que si les Bené Israël font Techouva (Rachi précise « si tout Israël fait Techouva »), ils seront délivrés de la Galout, et sinon (s’ils ne font pas Techouva), ils ne seront pas délivrés. Rabbi Yehochou’a lui répond « s’ils ne font pas Techouva, ils ne seront pas délivrés ?! Mais Hachem dresse sur eux un Roi dont les décrets sont comme (ceux de) Haman (dans la Meguilat Esther), et les Bené Israël font Techouva, et Il les ramène à un meilleur comportement ».

Les commentateurs expliquent que Rabbi Eliezer parle d’une Techouva « volontaire », tandis que Rabbi Yehochou’a ajoute l’éventualité d’une Techouva « contrainte » par la crainte des évènements. Cette Guemara répond manifestement à la question « comment Hachem circoncit notre cœur » !

La Gueoula partielle de l’histoire de Pourim a abouti car Mordekhaï avait réussi à entrainer tout le Peuple dans un élan de Techouva qui permit l’annulation du décret de Haman. De nombreuses générations ont vécu des périodes terriblement troublées, qui auraient pu déclencher une Techouva collective qui aurait certainement justifié la Gueoula. Malheureusement, l’élan nécessaire ne se produisit pas, et les décrets arrivèrent à exécution avec leur cortège de destruction !

Nous vivons clairement une période d’accélération des troubles qui frappent notre Peuple. Il y a déjà un siècle, le ‘Hafets ‘Haïm définissait notre époque comme « Ikveta DeMechi’ha », les « pas du Machia’h », pour dire que les conditions générales correspondaient à la Guemara (Sotah 49b) qui décrit les dérèglements du fonctionnement de la société avant la venue du Machia’h.

Il ne nous appartient pas d’affirmer que « cette fois-ci sera la bonne » et que le Machia’h viendra enfin, mais de faire tout ce qui dépend de nous pour que le « déclic » se produise, et qu’ensemble avec tous nos frères nous fassions une vraie Techouva qui nous sortira enfin de la Galout …

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