Parasha – 182 – Mikets – ‘Hanouka 5785

Toujours au cœur de ‘Hanouka : la paracha Mikèts !

בס »ד

Cette année, ‘Hanouka revêt une dimension particulière.

En plus de nos « fêtes » qui nous ont été ordonnées dans la Torah, nos ‘Hakhamim ont institué deux  » fêtes » pour garder vivant en nous le souvenir des Nissim (Miracles) particuliers qui eurent lieu dans ces circonstances : ‘Hanouka et Pourim.

Pourim correspond au sauvetage miraculeux du décret de Haman qui avait projeté de massacrer tous les Juifs de l’Empire d’A’hachvéroch en un jour, le 13 Adar.

La Meguilat Esther relate toutes les péripéties par lesquelles Hachem a organisé Son intervention dans l’Histoire.

‘Hanouka nous fait revivre les évènements de la révolte des Maccabim contre les oppresseurs grecs qui voulaient anéantir spirituellement le Peuple Juif.

Alors que le danger dans le décret de Haman était physique, la réaction des Grands du Peuple de Hachem, Mordekhaï et Esther fut essentiellement centrée sur la Techouva, le jeûne et la Tefila. Ce n’est qu’une fois que le décret avait été « corrigé » et complété par un décret favorable aux Juifs par A’hachvéroch, après qu’il ait fait exécuter Haman, que les Juifs prirent les armes au jour dit, pour faire face à ceux de leurs ennemis qui osèrent s’attaquer à eux malgré le soutient de l’administration aux Juifs.

Dans l’Histoire de ‘Hanouka, où la menace était spirituelle, les ‘Hachmonaïm prirent les armes pour bouter en dehors d’Erets Israël les oppresseurs grecs et leurs alliés « juifs » assimilés, les « Mityavnim » (Hellénisants).

De prime abord, comme cherchent à l’accréditer les Mityavnim modernes, c’est par la force que les Maccabim vainquirent. Toutefois, dans les pratiques instituées par les ‘Hakhamim pour célébrer ‘Hanouka, aucune place n’est accordée à la commémoration de leurs hauts faits militaires.

Le point central est l’allumage de la Menora, qui vient rappeler le Ness (Miracle) de la fiole d’Huile Pure retrouvée intacte, et qui brûla huit jours au lieu d’un seul, le temps d’en produire à nouveau.

Nos Hakhamim ont institué l’ajout du « Al haNissim » dans la Tefila, qui définit que Hachem a livré les forts entre les mains des faibles, à savoir les puissants grecs aux mains des Juifs définis comme faibles et peu nombreux.

Rav El’hanan Wasserman (Kovets Maamarim, p.263) compare les deux « fêtes », et explique que face à une menace physique, les Bené Israël savaient que la démarche appropriée ne passait pas par la confrontation matérielle, mais par un retour vers le lien avec Hachem dans la Tefila. Par contre, dans la menace d’assimilation, bien que certainement ils ont prié et jeûné, ils ont fait don de leur personne dans l’affrontement aux grecs. Rav Wasserman cite les paroles du ‘Hafets ‘Haïm qui dit que face aux « Yèvsekes » (les sections juives du parti communiste lors de la révolution), qui étaient le fer de lance des décrets contre les Juifs et le respect de la Torah, il aurait fallu prendre les armes, comme les ‘Hachmonaïm en leur temps.

A la lecture de ces éléments, il semblerait que face à des décrets contre la Torah et les Mitsvot c’est entre les mains de l’Homme que réside la solution, et pas entre les Mains de Hachem.

Il n’en est rien !

Le texte de « Al HaNissim » que nous prononçons dans les trois Tefilot de la journée, et dans le Birkat HaMazon, est explicite à ce sujet : « Tu T’es tenu pour eux au moment de leur détresse, Tu as mené leur querelle, Tu as jugé leur jugement, Tu as accompli leur « vengeance », Tu as livré les forts aux mains de faibles, les nombreux aux mains des peu nombreux, les impurs entre les mains de purs, les Rechaïm entre les mains des Tsadikim, et les malveillants entre les mains de ceux qui mettaient leur occupation dans Ta Torah … »

Une telle insistance ne laisse aucune place à la moindre équivoque ! Aucune part, si infime soit-elle, n’est laissée à l’intervention humaine naturelle.

Lorsque nous lisons ce témoignage rédigé par Yo’hanan Cohen Gadol, parmi les chefs des combattants, nous perpétuons la conscience de la véritable Histoire de ‘Hanouka. Nous sommes là aux antipodes des élucubrations des « pseudo-historiens » modernes qui veulent falsifier l’Histoire au profit d’une démarche activiste qui renie Hachem et Sa Torah.

Rav Chalom Chapira (HaMaor ChebaTorah, V, p.3) souligne l’absurdité des Mityavnim (les Hellénisants) récents qui brandissent énergiquement l’étendard du culte du corps et de la force physique, avec leurs clubs sportifs « Maccabi », tout en allumant les lumières de ‘Hanouka, et bien sûr, en dégustant les divers beignets et autres fritures, destinés à rappeler le Ness de la fiole d’huile. Quel ridicule !

Mais notre propos n’est pas de nous attarder sur ces tristes résultats de la déchéance issue du mouvement de la « Haskala » qui prônait, il y a plus de deux siècles l’intégration dans la société civile environnante.

Il est important de comprendre comment le Ness de ‘Hanouka a pu être aussi vulnérable à une telle dénaturation ?

De plus, nous voyons que ce n’était pas accidentel, au regard des précautions que les ‘Hakhamim de l’époque ont prises pour éviter cette altération : ils ont centré ‘Hanouka sur le Ness de la fiole d’huile, qui semble pourtant secondaire, et dans la Tefila de « Al HaNissim », ils ont insisté pesamment  sur l’intervention exclusive de Hachem !

Dans le Midrach (Peti’ha deEikha, 30 ; Eikha Rabati 4, 15) nos ‘Hakhamim décrivent l’attitude de quatre Rois d’Israël face aux enjeux de conflits militaires.

– David Hamélekh demanda à Hachem de l’aider à poursuivre ses ennemis et les anéantir (Tehilim 18, 38).

– Assa dit à Hachem : « …Je n’ai pas la force de les tuer ; Je les poursuivrai, et Tu feras … » (Divré Hayamim II, 14,12).

– Yehochafat dit : « Je n’ai la force ni de tuer, ni de poursuivre ; mais je dirai un cantique, et Tu feras … » (Divré Hayamim II, 20, 22).

– ‘Hizkyahou dit : « Je n’ai la force ni de tuer, ni de poursuivre, ni de dire un cantique ; mais je dormirai dans mon lit, et Tu feras … » (Melakhim II, 19, 35).

Et Hachem accéda à toutes ces demandes.

Rav Chalom Chapira (HaMaor ChebaTorah, V, p.153) analyse ce Midrach surprenant. Il cite un commentaire qui relie ces faits à l’épisode où Hachem envoya Guid’on combattre les Midyanites, oppresseurs des Bené Israël.

Face à la troupe que Guid’on avait rassemblée, Hachem lui dit (Choftim 7, 2) : « Le peuple qui est avec toi est trop nombreux pour que Je livre Midyan dans leurs mains, de peur que Israël ne s’enorgueillisse face à Moi, en disant « ma main m’a sauvé » ! ».

Tel était le risque auquel ces quatre Rois furent confrontés, et chacun adopta la démarche qu’il avait jugé la plus adéquate selon son niveau afin de ne pas risquer de s’approprier le mérite de la victoire. David était suffisamment sûr de son Bita’hon (Confiance en Hachem) pour ne pas craindre même qu’une victoire éclatante ne lui « tourne la tête ». Assa, plus « fragile », ne voulut pas affronter un tel enjeu. Aussi il demanda à Hachem de le dispenser de ce Nissayon (épreuve), et de limiter son épreuve à poursuivre ses ennemis, sans accomplir lui-même la victoire. Yehochafat était encore plus inquiet face à son cœur, et demanda à Hachem de diminuer encore son Nissayon.

Jusqu’ici nous pouvons comprendre les préoccupations des Rois.

Mais comment comprendre ‘Hizkyahou qui ne voulut même pas dire une Chira ?!

Rav Chapira explique qu’après que la Torah (Devarim 8, 11-18) a mis en garde contre le fait de nous attribuer le mérite de nos réussites en disant « ma force et la puissance de ma main m’a produit cette richesse » (Devarim 8, 17), la Torah enchaîne en disant (Devarim 9, 4) : « Ne dis pas dans ton cœur … par ma Tsidkout (qualité de Tsadik) Hachem m’a amené à prendre possession de cette terre … ».

Ainsi même une telle pensée serait encore comparable à la précédente de « Ma force et la puissance de ma main m’a produit cette richesse » !

‘Hizkyahou était un Roi abondamment actif. Toutefois Rav Chapira cite Rabbi Yerou’ham Levovitz (Daat ‘Hokhma OuMoussar, I, 15 et 40) et Rav Eliahou Dessler (Mikhtav MeEliahou I, p.201) qui expliquent que lorsqu’un Tsadik d’un tel niveau perçoit le moindre risque d’une pensée inadéquate face à une réussite miraculeuse, il choisit à juste titre la démarche qui le protègera d’une telle dérive.

Ce n’est évidemment pas une attitude appropriée à chacun, et il n’est pas question d’imiter ‘Hizkyahou, ou même Yehochafat, et de rester inactif en attendant que Hachem nous procure notre subsistance. Comme nous l’avons vu dans le Dvar Torah sur Vayéchev, tout dépend du niveau d’équilibre en nous entre la Hichtadlout (intervention) et le Bita’hon (Confiance en Hachem).

Rav Ye’hezkel Sarna (Daliot Ye’hezkel, III, p.235) cite le verset de la Nevoua de Zekharia (4, 6) adressée à Zeroubavel, dirigeant des Bené Israël lors du retour de la Galout (Exil) à Bavel : « Il me dit en ces termes : Voici la parole de Hachem à Zeroubavel en ces termes : pas avec la puissance, et pas avec la force, mais avec Mon « esprit« , a dit Hachem Tseva-ot » !

Rav Sarna développe la même notion que les sources que nous avons citées. Il explique de plus que le problème ne se limite pas aux réalisations matérielles, comme celles de ceux qui en s’assimilant aux nations ont détourné la devise des Macabim « Mi Camokha Baélim Hachem » en slogan de sport et de force physique. Le message de Zekharia était tourné vers des hommes de grande stature spirituelle, qui soumettaient leur corps à leur Nechama (âme). C’est exclusivement à de tels hommes que peut s’adresser cette Nevoua, car seuls eux sont susceptibles de l’entendre et de l’intérioriser.

Et il n’y a pas dans un regard de Emouna de frontière entre les « réalisations » matérielles, et les enjeux spirituels. Toutes les facettes de l’existence doivent être abordées avec la même conscience de la Présence permanente de Hachem.

Ce ne sont pas, même les mérites de l’homme, qui justifièrent l’intervention de Hachem aux côtés des ‘Hachmonaïm. Rav Sarna explique que c’est sur la base de cette Emouna qu’ont été institués les huit jours de ‘Hanouka, pour « reconnaître et pour louer Ton Grand Nom … » (fin de Al HaNissim).

(Hachem), « Tu T’es tenu pour eux au moment de leur détresse, Tu as mené leur querelle, Tu as jugé leur jugement, Tu as accompli leur « vengeance », Tu as livré les forts aux mains de faibles, les nombreux aux mains des peu nombreux, les impurs entre les mains de purs, les Rechaïm entre les mains des Tsadikim, et les malveillants entre les mains de ceux qui mettaient leur occupation dans Ta Torah … »

Ainsi, ‘Hanouka est un rappel essentiel et puissant, en cette période de troubles non seulement en Erets Israël, mais également partout dans le Monde, que ce n’est ni la puissance matérielle sous toutes ses formes, ni même les mérites de nos Mitsvot qui suffisent à justifier les évènements favorables.

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Description générée automatiquementProfitons de ‘Hanouka pour revenir à un regard lucide de Emouna sur notre existence individuelle et collective, pas avec la puissance, et pas avec la force, mais avec Mon « esprit » …

חנוכה שמח !