בס”ד
Soucot arrive à nouveau “à notre porte”, pour nous rappeler notre dépendance totale et magnifique à Hachem.
Totale, car les évènements, de tous temps, et particulièrement à notre époque où nous vivons encore la blessure de la fin de Soucot dernier, n’ont jamais cessé de nous rappeler que notre place n’est pas dans le “concert” des nations.
Magnifique, car quelle meilleure “assurance” pourrions-nous contracter contre les vicissitudes de l’existence que de nous “assurer” auprès de Celui Qui ne fera jamais faillite, et ne fera jamais défaut à ceux qui Lui confient leur existence !
Après Roch Hachana et Yom Kippour qui ont resserré les liens avec Hachem, Soucot vient concrétiser cette prise de conscience renouvelée.
Les paramètres de l’accomplissement de la Mitsva nous rappellent cette dépendance à tous les niveaux :
-La Torah dit : “Tu feras pour toi la fête de Soucot sept jours lorsque tu rassembleras de ton aire de battage et de ton pressoir” (Devarim 16, 13).
La Guemara (Souca 11b-12a) déduit de ce verset que la Souca, c’est-à-dire la couverture supérieure qui la définit, doit être confectionnée de “déchets” du battage des céréales et du pressage des raisins, de la paille et le bois des grappes.
La Michna définit ainsi le Skhakh (la couverture de la Souca) : “Tout ce qui est sensible à la Touma (l’impureté) et ce qui ne pousse pas du sol, on ne couvre pas (la Souca) avec” (Souca 11a). La Michna précise encore que les produits du sol appropriés pour couvrir la Souca doivent être détachés du sol pour être aptes à cette utilisation.
– La Torah dit : “dans les Soucot vous résiderez sept jours …” (Vayikra 23, 42).
La Guemara (Souca 26a) apprend de là qu’il faut “résider” dans la Souca comme dans notre habitation habituelle. Toute cause, inconfort ou déplacement, qui nous ferait quitter notre habitation est une cause de dispense de l’accomplissement de la Mitsva.
-La Torah dit “Tout “citoyen” dans Israël résideront dans les Soucot” (Vayikra 23, 42). La Guemara (Souca 27b) déduit de ce verset que tout Israël peuvent résider dans une même Souca. C’est-à-dire, bien que la Souca représente notre résidence ordinaire telle que nous devons la concevoir à la suite des enseignements des Fêtes de Tichri, cette résidence ne doit pas être marquée du sceau de “l’individualisme”. Bien que chacun érige sa propre Souca, cette démarche doit se “fondre” dans l’appartenance à la collectivité d’Israël. La Mitsva n’est pas une “affaire privée”, mais l’intégration au Peuple de Hachem !
Tous ces éléments convergent vers un même message :
Il ne s’agit pas de “sacrifice” à Hachem, mais de rectifier notre approche générale à l’existence quotidienne. Réapprendre à placer notre confiance là où il faut et non dans les artifices que nous nous octroyons individuellement et collectivement pour nous doter d’un semblant d’indépendance face à Hachem.
Le Skhakh (couverture) de la Souca, qui ne peut ni être attaché au sol, ni travaillé par l’Homme jusqu’à devenir un objet sensible à la Touma, vient nous rappeler de ne mettre notre confiance ni dans la nature, ni dans la puissance de l’Homme. Ce message s’adresse aussi bien à chacun dans la recherche et la valorisation des moyens de subsistance, qu’à l’ensemble de notre Peuple, et particulièrement dans la situation de la Galout où nous sommes tentés de nous appuyer sur les nation apparemment bienveillantes …
Dans le recueil Bemaaguelé Chana (Vol I, p.138), où Rav Hirsch nous guide à travers les moments de l’année, il développe en rapport avec Soucot le message des Nevouot (les Prophéties) dédiées à l’aboutissement de l’histoire.
Rav Hirsch s’attache particulièrement à l’enseignement de nos ‘Hakhamim (Psikta) : “Quiconque accomplit la Mitsva de Souca dans ce Monde, HaKadoch Baroukh Hou l’installera dans la Souca du “Livyatan” dans l’Avenir”.
Rav Hirsch souligne le caractère particulièrement énigmatique de cet enseignement. Il est bien évident qu’il ne s’agit pas ici d’un “animal”, pas plus que dans les Nevouot (Prophéties) (Yechayahou 27, 1) relatives à diverses créatures nommées “Na’hach Baria’h” (“Serpent verrou”), “Na’hach Akalatone” (“Serpent sinueux”), et Tanine (“Serpent de Mer”). Tous ces termes désignent évidemment des réalités mondiales relatives à la “Fin des temps”.
Rav Hirsch rattache le nom “Livyatan” à la racine “lavé” – accompagner. Il explique que ce mot se réfère ici à la société qui relie les hommes. Les autres termes également se réfèrent à des entités sociales, des puissances, l’une s’imposant par la force brutale, une l’autre se manifestant par une démarche calculée, empreinte de ruse. Il dit que ce texte des Neviim décrit l’aboutissement de l’Histoire, où Hachem abattra les puissances qui font ombrage à la compréhension juste du Monde, pour faire place à la manifestation de Sa Présence.
Rav Hirsch poursuit ce développement en établissant le rapport avec Soucot, la Souca étant l’antithèse des démarches humaines basées sur l’exploitation de la nature, et sur la puissance supposée de l’Homme.
Le Peuple d’Israël confie son existence entre les “Mains” de Hachem, en confectionnant le Skhakh – la protection supérieure de la Souca, qui tourne le dos à la nature et aux réalisations humaines. (Il n’est pas question ici de contester les actions nécessaires tant au niveau individuel que collectif dans le quotidien, mais de rétablir un juste système de valeur, où l’intervention humaine n’occulte pas la véritable résolution des difficultés qui n’appartient qu’à Hachem).
Soucot et la période de Tichri riche en évènements se concluent par Sim’hat Torah, le jour où nous confirmons notre lien indéfectible avec Hachem et Sa Torah. A Sim’hat Torah, nous achevons la lecture annuelle de la Torah avec la Paracha VeZot HaBerakha, constituée du tout dernier message adressé par Moché Rabénou aux Bené Israël avant de les quitter.
Après les Berakhot qu’il adresse à chaque Chevet (Tribu) distinctement, Moché Rabénou s’adresse à tout Israël et leur dit : “Heureux es-tu Israël, qui t’est comparable, un Peuple sauvé par Hachem Le bouclier de ton aide, et Qui est l’épée de ta gloire … (Devarim 33, 29) “.
Rabbi Yerou’ham Leivovitz, le dirigeant spirituel de la Yechiva de Mir, développa une année à Sim’hat Torah ce verset devant ses élèves. Il consacra plusieurs moments à cet enseignement, entrecoupés des danses de Sim’hat Torah en l’honneur de la Torah, et jusqu’au soir à l’issue de ce jour grandiose. Il commença son exposé en citant diverses paroles de la Torah et de la Tefila où apparait avec insistance la sollicitation que Hachem nous accorde “l’exclusivité” de Son attachement. Rabbi Yerou’ham introduisit en s’étonnant de la “mesquinerie” apparente du refus d’Israël que Hachem n’accorde Ses faveurs à d’autres peuples. Il répond en s’appuyant sur l’exemple d’une épouse qui réclame de son mari qu’il ne s’approche pas d’autres femmes. Est-ce de sa part de la mesquinerie ?! Bien sûr non ! C’est uniquement l’expression de la particularité du mariage. Le mariage est un lien exclusif ! Toute entorse à cette exclusivité romprait toute la dimension du lien du mariage. C’est un lien comparable que nous revendiquons avec Hachem, et ce depuis notre Patriarche Avraham (Midrach Beréchit Raba 44, 5). Et c’est ce qu’exprime le verset ici : “Achrèkha Israël !” (“Heureux es-tu Israël ! …”).
Rabbi Yerou’ham cite encore un autre Midrach (Beréchit Raba 100, 12) qui développe la chaine de la Berakha, depuis Avraham Avinou jusqu’à David Hamélekh, qui reprend le mot de la Berakha exprimée par Moché Rabénou ici : “Heureux”, pour commencer le Sefer Tehilim par “Achré Haich” (“Heureux l’homme”) dédié à celui qui échappe aux pièges de la société pour se tourner exclusivement vers Hachem.
C’est cette exclamation “Achré !” (“heureux !”) qui nous accompagne tout au long de l’Histoire, malgré les péripéties douloureuses, jusqu’à la venue du Machia’h.
Rabbi Yerou’ham souligne la différence avec les peuples qui, lorsqu’ils s’exilent, s’installent et se fondent dans leur nouvel environnement. Notre Peuple, quant à lui, traverse l’Histoire en tenant en permanence à la main le bâton des pérégrinations !
Depuis la destruction du Beth HaMikdach, et jusqu’à la Gueoula ultime, nous ne lâchons pas le bâton et la “sacoche” à l’épaule, nos yeux toujours tournés vers Hachem. Et Rabbi Yerou’ham de ponctuer son discours par les mots : “Achrékhem Israël, Achrékhem Israël” suivis d’une danse enthousiaste …
Telle est notre véritable dimension, même lorsque nous devons “agir”, que ce soit au niveau individuel pour préparer (apparemment…) notre subsistance, ou au niveau collectif pour faire face aux diverses menaces dirigées vers nous. Quelle que soit l’option à choisir face à chaque enjeu, (et qui ne devrait être choisie que sous l’influence des ‘Hakhamim de l’époque comme c’était tout au long des générations …), ne perdons jamais de vue la réalité que tous les évènements, petits ou grands, individuels ou collectifs, sont en vérité totalement maitrisés par Hachem.
Le Sfat Emet (637) nous révèle que la Souca amène la Berakha et la lumière de la Kedoucha dans la maison de l’intérieur, tout comme la Mezouza de l’extérieur !
Bien que nous quittions concrètement la Souca à l’issue de la fête pour réintégrer notre habitation régulière, nous devons “emporter” la Souca dans notre quotidien tout au long de l’année.