Parasha – 169 – Ki Tavo 5784

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La Paracha Ki Tavo constitue une étape supplémentaire dans les préparatifs à l’entrée en Erets Israël.

Le début de la Paracha est dédié aux Bikourim (les Prémices) que chacun doit amener de ses plantations chaque année au Beth HaMikdach afin de manifester qu’il est conscient que tout lui vient de Hachem, et en particulier son « lopin de terre » (Devarim 26, 1-11).

La Paracha enchaine avec l’obligation d’accomplir deux fois par cycle de sept ans un « bilan » des prélèvements sur les récoltes, en distribuant ce qui n’a pas encore été attribué (aux Cohanim, aux Leviim, et aux nécessiteux), et en faisant une déclaration récapitulative face à Hachem (12-15).

Ces deux passages préparent clairement les Bené Israël à se rappeler que tout, et en particulier leur propriété d’Erets Israël, leur est octroyé en permanence par Hachem, et non « une fois pour toutes » !

Après cela, la Torah proclame l’engagement réciproque entre Hachem et les Bené Israël (16-19).

La suite de la Paracha décrit les procédures qui devront accompagner l’entrée en Erets Israël pour renforcer la conscience du lien avec Hachem (27, 1-8).

La première étape consistera à prélever du lit du Yarden douze grandes pierres lors du passage « à pied sec ». Ces pierres témoigneront pour les générations du Ness (le Miracle) éblouissant de la traversée du Yarden « coupé » par Hachem pour ménager une entrée extraordinaire aux Bené Israël. 

Toute la Torah sera gravée sur ces pierres et elles seront emportées successivement à divers lieux où seront accomplies des « cérémonies d’inauguration » de l’entrée en Erets Israël. Tout d’abord, dans l’espace compris entre deux montagnes, le Har Guerizim et le Har Eval, où se tiendront les Leviim qui proclameront des principes fondamentaux, sous forme de Berakha pour ceux qui les respectent, et en termes de Kelala (« Malédiction ») pour ceux qui les bafouent (27, 11-26).

Les Leviim se tourneront successivement face aux six Chevatim qui se tiendront sur le Har Guerizim pour exprimer la Berakha, et face aux six Chevatim qui se tiennent sur le Har Eval pour la Kelala (Rachi 27, 12). Puis les pierres seront emportées à Guilgal où sera érigé un Mizbéa’h (Autel) où seront apportés des Korbanot (« Offrandes ») pour manifester la joie d’avoir reçu Erets Israël en cadeau de Hachem (Guemara Sota, 36a).

La suite de la Paracha définit les conséquences heureuses du respect de l’Alliance avec Hachem (28, 1-13), et les résultats néfastes de la négligence de nos engagements (15-68).

Tous ces passages convergent manifestement dans un but commun de renforcer le lien éternel avec Hachem, afin que l’opulence de la Terre acquise ne devienne pas une embuche pour les Bené Israël.

Toutefois le passage relatif aux pierres appelle plusieurs questions :

– Quel est l’objectif exact des pierres, et quel est le sens de leurs déplacements successifs ?

– Dans quel but la Torah a-t-elle été gravée sur ces pierres ?

– Pourquoi la Torah répète-t-elle à deux reprises la Mitsva de graver le texte de la Torah (verset 3, et 8) ?

– Que veut dire « Baér Hétev  » (bien expliqué) (27, 8), qui accompagne la répétition de la Mitsva d’écrire ?

Le Ramban explique (27, 3) que l’entrée en Erets Israël est conditionnée au respect de la Torah comme le dit le verset (3) « …Afin que tu viennes vers le Pays que Hachem ton Dieu te donne … ».

C’est pour cette raison qu’il était justifié de graver la Torah sur ces pierres au moment précis où les Bené Israël traversaient le Yarden, pour manifester que c’est précisément dans le but d’accomplir toute la Torah que nous entrons en Erets Israël.

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Description générée automatiquementLe Ramban cite encore nos ‘Hakhamim qui comprennent l’expression : « baér Hétev » : dans les 70 langues fondamentales des 70 nations initiales lors de la dispersion après la Tour de Bavel (Beréchit 11, 9). La Torah a donc été écrite intégralement en 70 versions (langues) sur les pierres.

Dans quel but la Torah a-t-elle été écrite en 70 langues sur les pierres du Yarden ?

Rabbi Moché Alchikh explique abondamment les divers aspects de l’utilité de ces pierres. Il cite le verset deYehochoua (4, 6-7) : « Afin que ce soit un signe en votre sein lorsque vos fils demanderont demain en disant : que sont ces pierres pour vous ? Et vous leur direz qu’elles ont été prises des eaux du Yarden devant le Aron (l’Arche) de l’Alliance de Hachem lorsqu’il (le Aron) a traversé le Yarden, les eaux du Yarden se sont fendues. Et les pierres seront un souvenir pour les Bené Israël pour toujours ».

Le Alchikh s’étonne que si tel était le but, ces pierres auraient suffi pour rappeler le Ness (Miracle), même sans y graver la Torah ?!

Il rapporte que les ‘Hakhamim disent que l’écriture de la Torah dans toutes les langues avait pour but de retirer toute excuse aux nations pour leur ignorance de la Torah.

Mais dans ce cas, pourquoi la Torah devait-elle être écrite également en Lachone HaKodech (Langue Sainte) qui ne concerne que les Bené Israël ?!

Le Alchikh répond que l’objectif était double :

– Il fallait enraciner au plus profond de la conscience des Bené Israël que seule la Torah leur donnait accès à Erets Israël. Cela s’est manifesté par le fait que ce n’est que devant le Aron HaKodech porté par les Cohanim que le Yarden s’est fendu.

De plus l’écriture intégrale de la Torah en soixante-dix langues tenait sur ces douze pierres, et qui de plus fut réalisée en un seul jour, alors que ce jour était le jour-même de la traversée du Yarden et de toutes les actions qui l’ont suivi, était un Ness (Miracle) flagrant supplémentaire !

– Par ailleurs, pour ne pas que les Bené Israël pensent que l’écriture en soixante-dix langues laisse place à l’éventualité de leur remplacement par d’autres nations Hachem a ordonné d’écrire la Torah en Lachone Hakodech par-dessus l’écriture dans les soixante-dix langues couverte d’un enduit. L’écriture en Lachone Hakodech s’avérait ainsi être l’essentiel, l’écriture en 70 langues étant recouverte ! La réjouissance accompagnant les Korbanot sur le Mizbéa’h venait souligner le lien puissant entre Hachem et les Bené Israël.

Rav Chimchon Raphaël Hirsch souligne également que les pierres prises dans le Yarden de sous les pieds des Cohanim qui portaient le Aron HaKodech témoignent que la Terre d’Israël ne nous a été acquise que pour la Torah. Il ajoute la remarque que dans ces versets, la Torah passe du pluriel au singulier et l’inverse, pour exprimer que l’objectif de respect de la Torah n’est ni l’affaire exclusive des individus, ni une notion « nationale » confiée à la « représentation nationale », mais la responsabilité de la collectivité dans sa multiplicité. Le Peuple entier (c’est-à-dire chacun !) est ainsi responsable de l’action commune. (Ceci écarte les prétentions de « liberté de conscience » au nom desquelles ceux qui tournent le dos à la Torah veulent s’affranchir de nos obligations communes. Il est par ailleurs remarquable que leur « liberté de conscience est selon eux leur apanage exclusif ! Pour ce qui est de leurs principes de « civilisation » et de « culture », par contre, ils dénient à quiconque le droit de s’en affranchir, et ils les imposent par la force de « l’autorité politique » de nos jours en Erets Israël, comme ils le faisaient déjà en Russie tsariste …).

Le Haamek Davar souligne le double objectif de l’écriture en Lachone HaKodech pour les Bené Israël et dans les soixante-dix langues pour les nations. Il explique que cette version destinée aux non-juifs correspond au rôle de propagation du message de la Torah qui incombe aux Bené Israël. Cette responsabilité ne devait se réaliser que par la Galout (Exil), et c’est pourquoi la première étape d’écriture de la Torah sur les lettres s’est faite au Har Eval. En effet dans la proclamation des principes fondamentaux (27, 11-26) le Har Eval représentait (verset 13) la Kelala, c’est-à-dire les conséquences de l’abandon de la Torah qui mène à la Galout.

Rabbi Yerou’ham Levovitz (Daat Torah 27, 2-3) définit ces pierres comme l’enseigne accrochée à l’entrée d’une boutique, qui indique ce qu’on peut y trouver. De même les pierres avec l’écriture de la Torah, mises en place dès le premier pas en Erets Israël sont la grande enseigne qui représente le contenu d’Erets Israël. Seule la Torah a sa place en Erets Israël !

Rabbi Yerou’ham élargit cette notion en disant que chacun a le devoir de mettre en place sur lui-même une telle « enseigne ». C’est ce qu’exprime le Messilat Yecharim de Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato qui commence en disant que la base de l’homme est « que soit clair pour lui quelle est son obligation dans son monde, et ce à quoi il doit appliquer son regard et son objectif dans tout ce à quoi il s’efforce tous les jours de sa vie ! »

A notre époque de remous violents de lutte contre la Torah, et d’instabilité matérielle de notre quotidien en Erets Israël en particulier, et dans le monde entier à la suite, ces messages de la Torah nous appellent à retrouver nos valeurs fondamentales pour lesquelles (et pour elles seules !) Hachem nous a gratifiés de ce cadeau merveilleux. 

Chabbat Chalom !