בס »ד
La Paracha Balak est particulièrement énigmatique… Elle relate l’entreprise de Balak, Roi de Moav, qui s’est associé à Bil’am, en qui il a reconnu une « autorité » en matière de Berakhot et de Kelalot à l’époque, en vue de nuire profondément aux Bené Israël.
De prime abord leur démarche parait risible…
Nous avons conscience que l’impact des Berakhot ou des Kelalot, comme toute chose, dépend de la Volonté de Hachem au point que nous ne concevons pas un danger dans une telle entreprise. Pourtant Hachem nous dit par l’intermédiaire du Prophète (Mikha, 6,5 ; texte de la Haftara de cette Paracha) : « …Mon Peuple, souviens-toi de ce qu’a projeté Balak Roi de Moav, et de ce que lui a répondu Bil’am fils de Beor, des Chitim jusqu’au Guilgal, afin de connaître la « justesse » de Hachem (Qui agit au-delà de la ligne de la justice ; Metsoudat David) » !
Rachi explique que le bienfait que Hachem nous a prodigué consistait à ne pas laisser place à Sa « colère » pendant tous les jours de la visite de Bil’am chez Balak, de telle sorte qu’il n’y ait pas d’ouverture face aux accusations de Bil’am qui rappela dans ses déclamations les fautes des Bené Israël.
Soulignons que cette Paracha ne contient aucune Mitsva ! Et cependant la Guemara (Berakhot 12b) lui accorde une telle importance qu’elle dit que les ‘Hakhamim ont voulu instaurer la lecture quotidienne de la Paracha Balak avec la lecture du Chema, et n’y ont renoncé qu’en raison du poids que cela représenterait pour la Communauté d’ajouter ce texte entier.
Cet enseignement ajoute à notre perplexité face à ce passage de la Torah, et à l’importance que lui confère sa présence dans la Torah !
Rav Moché Ye’hiel Epstein (Beér Moché, p. 613) souligne que ce passage de la Torah n’a pas été écrit relativement à son moment (comme récit « historique » …) mais essentiellement comme enseignement pour les générations à venir.
Rav Epstein rapporte les paroles du Zohar HaKadoch (III, 149 b) qui adresse une malédiction à quiconque prétendrait qu’il ne s’agit que d’un récit historique, car alors la Torah (qui contient cette Paracha …) ne serait pas une Torah supérieure, une Torah de vérité !
Mais en vérité chaque mot de la Torah est « l’enveloppe » de la profondeur de la Torah !
Rav Epstein développe abondamment les forces de Toum’a (impureté) que représentent Balak et Bil’am, et l’impact néfaste qu’ils étaient susceptibles d’entrainer sur les Bené Israël par leur entreprise. Il relie Bil’am à son ancêtre Lavane, le frère de Rivka Iménou (notre Mère), et père de Ra’hel et Léa, dont la Hagadah de Pessa’h nous révèle qu’il voulait déraciner totalement le futur Peuple de Hachem.
Il établit encore un rapprochement entre Bil’am et Amalek qui représente l’opposition extrême à la Kedoucha (la « Sainteté ») du Peuple Juif.
Rav Epstein rattache encore la démarche de Balak et Bil’am contre les Bené Israël à la guerre de Gog et Magog qui s’opposeront à la Kedoucha à l’époque du Machia’h. Ses développements sont étendus, fondés sur des textes du Zohar HaKadoch, et leur extension dépasse les limites de notre Dvar Torah.
Ce qu’il nous incombe de retenir est la dimension réelle, fondamentale, de cette confrontation, et son impact sur toute l’Histoire d’Israël et du monde entier.
La Guemara (Sanhédrin 105b) analyse les intentions néfastes de Bil’am à travers les Berakhot que Hachem l’a contraint à formuler à la place des Kelalot qu’il projetait. Chaque terme positif à l’égard des Bené Israël révèle l’intention opposée qui animait Bil’am, et que Hachem ne l’a pas laissé exprimer.
Nos ‘Hakhamim concluent toutefois que toutes les mauvaises intentions de Bil’am sont redevenues « effectives », à l’exception d’une seule Berakha qui est restée intacte, sans laisser place à la Kelala que Bil’am voulait proférer.
Il s’agit de la Berakha (Bamidbar 24, 5) : « Combien bonnes sont tes tentes, Yaacov, tes résidences Israël ! », que nos ‘Hakhamim relient aux Baté Knesset (les Synagogues) et Baté Midrach (les lieux d’étude de la Torah).
Rav Chalom Noa’h Bérézovski (Netivot Chalom, p. 129) introduit la Paracha en citant le verset de la Haftara : « Mon Peuple, souviens-toi de ce qu’a projeté Balak Roi de Moav, et de ce que lui a répondu Bil’am fils de Beor, des Chitim jusqu’au Guilgal, afin de connaître la « justesse » de Hachem ! », pour nous permettre de comprendre l’enjeu particulier de cet épisode.
Il cite le Zohar HaKadoch (III, 305a) qui dit : « Il n’y a pas eu de jours depuis le jour où le Monde a été créé où il y a eu autant besoin que Hachem soit aux côtés d’Israël comme au moment où Bil’am a voulu les anéantir ! »
Rav Bérézovski analyse les notions de Berakha et Kelala. Il explique que tant que les Bené Israël sont attachés à Hachem aucun peuple ne peut les dominer, ni personne ne peut les attaquer.
Le Yessod Vechorech Haavoda (II, 3, 12) cite au nom du Rambam dans le Moré Nevoukhim que lorsqu’un Juif est attaché à Hachem aucune accusation ne peut l’atteindre, et tous les accidents et tourments qui touchent même les Tsadikim ne surviennent qu’à un moment où ils ont interrompu (si peu que ce soit …) leur attachement à Hachem. (Une anecdote relative au Rav de Brisk qui fut intercepté par des soldats allemands pendant la Choa, puis immédiatement relâché, illustre ces propos. Le Rav de Brisk expliqua à ses fils que son esprit s’était détourné un instant du conseil du Néfech Ha’Haïm (III, 12) de se concentrer sur l’unicité absolue de Hachem pour échapper à toute attaque).
Rav Bérézovski explique qu’à l’inverse, la Kelala est l’affaiblissement de l’attachement à Hachem. Il explique que la racine de l’attachement à Hachem réside dans les « Baté Knesset et Baté Midrach ».
Les Baté Knesset représentent le lien avec Hachem dans la Tefila.
Les Baté Midrach sont le lieu du lien avec Hachem par l’étude de la Torah.
La Torah purifie le « cerveau » du Juif de toutes les conceptions malsaines, et la Tefila purifie le cœur de toutes les mauvaises aspirations, afin qu’il n’aspire qu’au lien avec Hachem.
De toutes les intentions néfastes de Bil’am, la perte des Baté Knesset et des Baté Midrach était la plus dangereuse pour notre Peuple. C’est pourquoi « Hachem ton Dieu a inversé pour toi la Kelala en Berakha, car Hachem ton Dieu t’aime ! » (Devarim 23,6). Seule cette unique Kelala de Bil’am a été totalement neutralisée.
Tout au long des siècles, notre Peuple a su préserver ses lieux privilégiés contre toutes les atteintes de l’extérieur, ou même « de l’intérieur » comme à l’époque des ‘Hachmonaïm (cf. l’Histoire de ‘Hanouka …) ou de nos jours, malheureusement, où les attaques contre la Torah viennent de l’intérieur … Et malgré toutes les oppositions, malgré toutes les difficultés rencontrées, Il n’est pas d’endroit où quelques Juifs résident, sans qu’instantanément « fleurissent » plusieurs Baté Knesset, et des groupes d’étude de la Torah. Ce sont là nos véritables « Miklat » et « Mamad », plus que les Miklat et Mamad en béton armé qui sont érigés partout en Israël contre les missiles ! …
Rav Avigdor Miller souligne que Hachem veut que nous tirions leçon des évènements, comme de la Choa en particulier. Nous ne pouvons pas nous acquitter de notre devoir en concluant simplement : « les voies de Hachem sont impénétrables » (Or Olam I, p.166).
Nous vivons une période particulièrement préoccupante pour l’existence même de notre Peuple. Il n’appartient certainement pas à chacun d’interpréter les évènements. Toutefois, les « coïncidences » ne peuvent que frapper notre regard !
Un Yom Kippour choquant, où, peut-être pour la première fois dans l’histoire, des voyous ont perturbé de toutes manières possibles les Tefilot à Tel Aviv, au sein même d’un public qui garde précieusement cette occasion annuelle de retrouver le contact avec Hachem, suivi d’un Sim’hat Torah terrifiant où la Joie de la Torah a été souillée de sang !
Loin de réfléchir au sens de l’existence du Peuple de Hachem, les mêmes démarches de rejet s’appliquent avec plus de violence que jamais à l’étude de la Torah. Et plus les décisions de « justice » s’attachent à déréférencer l’étude de la Torah se multiplient, plus la « justice » des nations répond en déréférençant ceux-là mêmes qui veulent remplacer les valeurs éternelles de la Torah par les mascarades de la « civilisation » !
Il appartient à chacun de nous de « réchauffer » son attachement aux Baté Knesset et Baté Midrach, et à l’attachement à Hachem que nous devons y puiser. Prions pour que la Berakha sauvegardée précieusement par Hachem nous permette de traverser cette période troublée vers la Gueoula complète.
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