On mérite de s’éloigner du mal en multi- pliant le bien
« Yaakov arriva ensuite Chalem, éntier, à la ville de Chekhem. » (Béréchit 33,18). Rabbi Yaakov David d’Amshinov zatsal se rendit un jour chez l’illustre Tsadik, Rabbi Méïr de Premishlan zatsal, pour un Chabbath. À son retour, le Rabbi d’Amshinov relata les péripéties de son voyage, et les enseigne- ments du Rabbi de Premishlan. Voici ce qu’il raconta : Alors qu’il s’approchait de la localité de Premishlan la veille de Chabbath, il localité de Premishlan la veille de Chabbath, il aperçut un Avrekh marcher à pied et il remarqua qu’il s’agissait d’un homme de Torah. Il lui proposa de monter dans sa carriole. Cet Avrekh relata au Rabbi qu’il se rendait pour Chabbath chez son Maître, Rabbi Méïr. Alors qu’ils roulaient, ils passèrent devant un fleuve, et l’Avrekh voulut s’arrêter pour se tremper dans le fleuve en guise de Mikvé. Mais le Rabbi ne lui permit pas, du fait du grand froid qui régnait. Mais l’Avrekh insista qu’il était obligé de s’immerger, craignant surtout que son Rabbi le remarque. Mais le Rabbi promit de prendre sa défense devant son Maître. L’Avkreh dit alors : « Je remarque que vous faites partie des personnes éminentes de Pologne, j’aimerais donc vous demander une faveur : cela fait depuis mon mariage, il y a huit ans, que je me ne suis pas rendu à Premishlan, et je n’ai pas encore d’enfants. Lorsque nous nous présenterons devant le Tsadik, qui vous accueillera certainement avec les honneurs et avec aménité, je vous serais reconnaissant de mentionner mon nom devant lui, pour que je mérite d’avoir des enfants. » Rabbi Yaakov David le lui promit. Chez le Tsadik, Rabbi Méïr de Premishlan, une Mé’hitsa était érigée entre lui et le peuple, où se trouvait une petite fenêtre, et par cette ouverture, il tendait la main et saluait les invités. Parfois, lorsqu’il avait le sentiment en saluant ses invités que l’un d’eux méritait d’être honoré et rapproché, il ouvrait la porte et accueillait l’invité dans sa pièce privée. Lorsque le Rabbi d’Amshinov arriva avec l’Avrekh, et qu’ils s’approchèrent pour saluer le Rabbi, le Rabbi de Premishlan tendit la main au Rabbi d’Amshinov, ouvrit aussitôt la porte, l’accueillit dans sa pièce et lui offrit un siège pour le Chabbath. Le Rabbi d’Amshinov implora Rabbi Méïr d’accepter son ami qui avait fait le trajet avec lui, qui attendait d’avoir des enfants. Aussitôt, le Rabbi de Premishlan ouvrit la fenêtre et salua l’Avrekh, mais il se mit à crier : « Malheur à toi Méïr, tu as souillé ta main en touchant celle d’un homme qui n’a pas veillé à la Takana d’Ezra ! » Le Rabbi d’Amshinov défendit l’Avrekh en expliquant qu’il désirait s’immerger dans le fleuve, mais qu’il l’en avait empêché en raison du froid qui régnait. Le Rabbi empêché en raison du froid qui régnait. Le Rabbi fut apaisé et lui promit que dans l’année, il aurait un enfant. Le dimanche, lorsque le Rav d’Amshinov aborda le Rabbi pour obtenir une bénédiction avant son départ, il vit que le Tsadik avait pris une ‘Hala qu’il emballait dans des feuilles et la transmit à un messager pour la porter au Rabbi de Rouzyne zatsal. Il donna l’instruction suivante au messager : « Dis-lui que Méïr lui a envoyé une ‘Hala.» Puis d’ajouter : « S’il te demande de quel Méïr il s’agit, dis-lui que c’est Méïr dont les épaules sont aussi larges que la largeur du monde, dont le sac à dos est aussi profond que le monde inférieur, et dont les mains arrivent jusqu’au trône céleste. » Comme il convient d’étudier la conversation profane des érudits en Torah, il vaut la peine d’analyser en profondeur le sens caché des propos du Rabbi de Premishlan rapportés par le Rabbi d’Amshinov à la fin de son récit. Il semblerait qu’il fasse référence aux trois piliers du monde mentionnés dans un texte de nos Sages dans Pirké Avot (chap. 1, 2) : « Le monde tient sur trois piliers : sur la Torah, le service divin et les actes de ‘Hessed.» Par ces trois moyens, le Rabbi réussit à triompher du Satan et à produire de grandes délivrances : « Des épaules aussi larges que la largeur du monde » : il s’agit d’une allusion à l’acceptation de la Torah sur les épaules, comme l’indique ce verset (Béréchit 49,14) : « Issakhar est un âne musclé» et d’après Rachi, il porte le joug de la Torah à la manière d’un âne vigoureux que l’on charge d’un lourd fardeau, et de cette façon il peut soutenir le monde entier. « Son sac à dos est aussi profond que le monde inférieur » : c’est une allusion au travail matériel dont il est fait allusion dans le ventre qui est le lieu du matériel par excellence, qui reçoit la nourriture. Il existe un danger de se laisser entraîner et d’être plongé dans les désirs matériels au point d’arriver en enfer, et de ce fait, il faut veiller à se servir du matériel au profit du spirituel, comme la Tsédaka et les actions de ‘Hessed. « Et dont les mains arrivent jusqu’au trône céleste » : une allusion aux bras levés en prière, car le service divin correspond à la prière. Comme l’a indiqué le roi David (Téhilim 149,6) : « Des hymnes de louanges envers D.ieu sur les lèvres, une épée à deux tranchants dans leur main » : la prière arrive jusqu’au trône céleste et élimine toutes les Klipot. Nous pouvons ainsi interpréter dans ce sens les propos du ‘Houmach à propos de Yaakov Avinou : « Yaakov arriva ensuite Chalèm à la ville de Chekhem. » Rachi l’interprète ainsi : Chalèm Bégoufo, entier dans son corps : c’est une allusion au service du cœur, l’organe essentiel du corps, Chalem Bétorato (complet dans sa Torah) et Chalem Bémamono (complet dans sa fortune) : une allusion au Gma’h qu’il créa avec sa fortune. Yaakov excellait dans ces trois piliers essentiels. Les Écritures relèvent cela spécifiquement à son arrivée à Chekhem. En effet, ce lieu était propice aux criminels, qui y commettaient toutes sortes de fautes. L’homme peut sombrer en raison de l’influence du lieu où il réside. C’est pourquoi le Texte nous explique que Yaakov surmonta son penchant en étant complet dans ces trois domaines. Grâce à l’abondance de lumière générée par les Mitsvot, on repousse l’obscurité du mauvais penchant, suivant l’interprétation de nos Maîtres sur le verset (Téhilim 34,15) : « Éloigne-toi du mal et fais le bien » : mérite de t’éloigner du mal en «faisant le bien.» Chabbath Chalom ! |