LE RABBI DE KALOV – 115 Soucot – 5785

Message de l’Admour de Kalov chlita – Soucot 5785

Je demandai un jour à un Juif âgé de Caracas, au Venezuela, s’il respectait le Chabbath, et il me répondit qu’il respectait toutes les lois du Chabbath, et précisa même qu’il s’abstenait de parler de sujets profanes le Chabbath, comme il l’avait appris dans son enfance. En revanche, il allait au travail, persuadé de la nécessité de travailler pour sa subsistance… Cet argument est ancien : malheureusement, nous l’entendons également chez des Juifs croyants, qui, par ignorance, se permettent d’être souples sur les lois du Chabbath dans le cadre de leur travail. 

Pour contrer ces arguments, il convient de se renforcer dans notre émouna. En effet, notre vie entière dépend uniquement du Créateur, loué soit-Il, qui nous a créés pour accomplir Ses Mitsvot. Il pourvoit à nos besoins pour nous permettre de vivre. De notre côté, il nous suffit de faire notre hichtadlout, notre part d’efforts, dans le domaine de la Parnassa, de manière permise selon la Torah. Ayons toujours à l’esprit ce texte de nos Maîtres (Betsa 16a) : « La subsistance de l’homme est fixée à Roch Hachana.

» Chaque année, à Roch Hachana, est fixé pour chacun, dans le tribunal céleste, la somme qu’il mérite et qui lui est allouée jusqu’au Roch Hachana suivant. L’homme dispose du choix de déterminer la manière de gagner sa vie. Mais même s’il déploie de nombreux efforts, il ne pourra pas gagner un centime de plus que ce qui a été fixé. Si, par exemple, il a été déterminé que deux amis gagneront pendant l’année 100 000 dollars, alors même si le premier travaille le Chabbath et le second s’en abstient, à la fin de l’année, tous deux auront gagné cette même somme. 

Une personne qui a travaillé et reçu de l’argent le Chabbath gagnera moins en semaine, ou perdra de l’argent en raison de vols ou de dépenses supplémentaires dans le domaine médical, etc. et aura peiné en vain le Chabbath. Dans ce domaine, l’homme ne se contentera pas de garder ses réflexions pour lui-même, il devra manifester devant ses enfants sa grande joie d’accomplir les Mitsvot, afin qu’ils sachent qu’on n’est jamais perdant en pratiquant les commandements, ce qui les incitera à suivre également cette voie. Dans les premières années du judaïsme en Amérique, le respect du Chabbath était extrêmement difficile. En effet, les Juifs respectueux du Chabbath devaient rechercher un nouvel emploi chaque dimanche. Ainsi, près avoir annoncé au patron de l’usine la veille du Chabbath qu’il ne comptait pas se présenter au travail le lendemain, l’employé recevait aussitôt un papier rouge indiquant qu’il était licencié, et n’avait plus de quoi nourrir ses enfants. L’un des premiers Rabbanim d’Amérique relate que dans son quartier, résidaient deux familles, qui s’évertuaient à respecter les Mitsvot, surtout le Chabbath. Les deux pères de famille se sacrifiaient et abandonnaient leur emploi chaque veille de Chabbath. 

Mais phénomène prodigieux : une famille eut le mérite que tous ses enfants devinrent à leur tour pratiquants, tandis que dans la seconde famille, les enfants abandonnèrent le judaïsme. Lorsque le Rav se renseigna sur cette différence, il discerna que la raison tenait à la différence d’approche des pères de famille à l’égard du respect du Chabbath et des Mitsvot. Le père de la première famille, lorsqu’il s’attablait pour le repas du Chabbath, après avoir annoncé à sa famille qu’on l’avait licencié, était empli de joie du mérite d’avoir surmonté l’épreuve de ne pas transgresser le Chabbath.

Il entonnait avec ses fils des cantiques et des louanges, au comble de la joie. Il ancra ainsi chez sa famille un sentiment d’émouna et de bita’hon que le Maître du monde, qui sustente tout un chacun, ne les laisserait pas avoir faim en conséquence de leur respect du Chabbath. Il conserva même tous les papiers rouges qu’il avait reçus chaque semaine, et la veille de Soucot, il en fabriqua une guirlande qu’il suspendit fièrement dans sa Souca comme décoration. Ainsi, ses fils suivirent ses traces. Mais le père de la seconde famille arrivait à la table du Chabbath le visage sombre, attristé par sa situation. Il introduisait dans son foyer une affliction, et pendant tout le repas du Chabbath, il se plaignait et craignait que la semaine suivante, ils n’aient pas de quoi manger. 

Puis il soupirait et déclarait : « Oï, il est tellement difficile d’être juif, tellement difficile de respecter le Chabbath. » Ce soupir, qui émanait du fond de son cœur, partant d’un sentiment de perte, brisa la émouna de ses enfants. Ils en déduisirent que l’accomplissement des Mitsvot est triste et qu’on est perdant en les pratiquant. Ils se dirent : nous ne voulons pas être perdants. Notre émouna trouve sa source au moment de la sortie d’Égypte. Lorsque Hachem annonça aux Bné Israël qu’il les ferait sortir d’Égypte pour leur donner la Torah, ils savaient qu’ils s’apprêtaient à se rendre dans un désert désolé, une terre inculte, remplie de serpents et de scorpions, où soufflaient des vents violents, dans une chaleur torride la journée et un grand froid la nuit. Malgré tout, ils partirent dans la joie et l’abnégation, car ils croyaient en la Providence du Créateur, sachant qu’on n’est jamais perdant en se soumettant aux Mitsvot du Créateur. 

En conséquence, Hachem les installa dans des « Soukot » : les nuées de gloire formaient une sorte de logement distinct pour chaque famille. Grâce aux nuées de gloire, leurs vêtements étaient lavés, etc. et le tout, par des moyens miraculeux. C’est la raison essentielle de la Mitsva : chaque année, les Bné Israël sont tenus de s’installer dans leur Souca en-dehors de leur maison. Ainsi, ils éveillent la curiosité des enfants sur ce changement de résidence dans une résidence temporaire. 

Les pères répondent alors que la Souca est un souvenir du miracle des nuées de gloire, et continuent à parler de émouna, de l’existence du Créateur et de Sa Providence qui se dévoile dans la nature pour ceux qui accomplissent Ses Mitsvot, les sensibilisant ainsi à l’idée qu’on est gagnant en accomplissant les Mitsvot. C’est l’objectif de l’accomplissement de la Mitsva de Souca dans la joie afin de renforcer la émouna. Les enfants sont amenés à se renforcer dans la tradition ancestrale et la pratique des Mitsvot, qui perdure aux générations suivantes, en particulier dans le respect du Chabbath, qui peut sembler, de manière fictive, engendrer des pertes à l’homme. 

Nous pouvons en trouver une allusion dans les termes du verset sur la Mitsva de Souca (Vayikra 23, 42-43) : « Vous demeurerez dans des tentes durant sept jours ; tout citoyen en Israël demeurera sous la tente » : les initiales de ב’סכת ת’שבו ש’בעת forment le terme Chabbath, et les initiales de ל’מען י’דעו ד’רתיכם font référence au fait qu’un bon accomplissement de la Mitsva de Souca conduira au respect du « Chabbath » par le biais de tes «enfants». En effet, en s’installant dans la Souca, ils en viendront à saisir que par l’accomplissement des Mitsvot du Créateur, on est forcément gagnant. ‘

Hag saméa’h !