Message de l’Admour de Kalov pour Roch Hachana 5785
Nous rencontrons fréquemment des Juifs qui s’engagent à accomplir une Mitsva, mais lorsqu’ils se rendent compte que c’est difficile pour eux, ils décident qu’ils n’en ont pas les forces et reportent cette Mitsva, et parfois, y renoncent même totalement. Prenons le temps d’expliquer à ces personnes que ce sentiment est l’œuvre du Yetser Hara : lorsqu’il remarque quelqu’un qui veut se soumettre au joug divin pour accomplir les Mitsvot de la Torah, il déploie tous les efforts possibles pour l’en écarter. Ainsi, lorsque l’homme désire accomplir les Mitsvot, qu’il s’inspire de la conduite de l’animal qui porte une lourde charge. La nature du bétail le pousse à se conduire toujours avec soumission, comme le cheval de trait, attelé à un harnais et doté aussi d’une muselière dans la bouche, qui porte de lourdes charges et se soumet à la volonté du cavalier qui l’oriente à son gré. En revanche, la nature des animaux sauvages n’est pas de se soumettre. Le taureau et l’âne sont ceux qui acceptent le plus aisément de porter une lourde charge. Leur nature est d’accepter n’importe quelle charge avec beaucoup de patience. À ce sujet, nos Sages (Avoda Zara 5b) affirment : «
L’homme se soumettra toujours aux Divré Torah, à l’instar du taureau qui accepte une charge et l’âne, un joug. » Lorsqu’un homme suit cette voie d’accomplir une Mitsva, même lorsque c’est difficile pour lui, il commence au fil du temps à ressentir le plaisir de l’accomplissement de la Mitsva, comme l’indique Rachi au nom du Midrach sur le verset (Chémot 19,5) : « Désormais, si vous êtes dociles à Ma voix » : si vous vous y engagez maintenant, cela vous sera agréable par la suite, car tous les débuts sont difficiles. L’homme devra toujours prier à ce sujet, surtout à Roch Hachana, car du Ciel, on l’aidera afin qu’il mérite rapidement et dans une grande mesure, à ressentir une douceur dans l’étude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot.
Un jour, un ‘Hassid du Darké Téchouva, le Rabbi de Munkatch zatsal, lui demanda de prier pour qu’il étudie la Torah avec constance. Le Rabbi répondit : « Je ne peux pas prier pour un sujet qui dépend du libre-arbitre, mais je prierai pour que lorsque tu étudies la Torah, tu en ressentes la douceur, et ainsi, tu étudieras avec assiduité. » Dans l’ouvrage Déguel Ma’hané Efraïm (Paracha Béchala’h), il est rapporté un enseignement de son ancêtre le Ba’al Chem Tov, qui interprète le texte de nos Maîtres (Baba Batra 85b) : « Jérusalem a été détruite du fait qu’on ne récitait pas la bénédiction sur la Torah avant l’étude », c’est-à-dire que l’on ne disait pas la bénédiction : Véha’arev Na Hachem Elokénou et Divré HaTorah Béfinou », qui est la première Brakha récitée sur la Torah le matin.
C’est en effet une condition indispensable au service divin de prier toujours pour obtenir l’aide divine pour avoir le privilège de goûter à la douceur de la Torah et des Mitsvot, car en son absence, l’homme a du mal à surmonter son Yetser Hara qui veut l’écarter de la Torah et des Mitsvot. La Torah renferme en effet une grande douceur qui a la faculté d’orienter tous les désirs de l’homme vers la Torah, comme l’écrit le Or Ha’haïm Hakadoch sur le verset (Dévarim 26,11) : « Si les hommes éprouvaient véritablement la douceur et la bonté de la Torah, ils deviendraient fous et la poursuivraient avec ardeur, et tout l’or et l’argent du monde n’aurait aucune valeur à leurs yeux, car la Torah inclut tous les bienfaits du monde. »
Le Sfat Emet, Rabbi de Gour, affirme que tout comme un homme qui souffre d’une mauvaise santé peut ressentir un goût amer dans chaque aliment qu’il goûte, alors qu’il est en réalité très sucré, de la même manière, toute personne qui n’est pas dotée d’une âme solide et saine sur le plan spirituel ne peut ressentir la douceur de la Torah, d’où ce langage de la prière : Véha’arev Na Hachem Elokénou et Divré HaTorah Béfinou : que nous ayons le mérite de ressentir la douceur de la Torah, à l’instar d’un homme en bonne santé qui goûte à la douceur d’un aliment.
Nous prions à ce sujet surtout dans les jours de miséricorde, comme l’interprètent les livres sacrés sur la prière : Zakhrénou Lé’haïm Lémaankha Elokim ‘Haïm (Souviens-toi de nous pour la vie, en Ta faveur, D.ieu vivant) : nous prions afin de mériter de ressentir la vitalité de la sainteté dans notre service sacré en faveur de Hachem, ce qui constitue l’objectif principal de l’existence.
L’auteur du Likouté Maharil, élève du Rav Elimélekh de Lizensk zatsal, interprète le verset récité à Roch Hachana avant les sonneries du Chofar : «Arov Avdékha Létov – Interviens pour le bonheur de ton serviteur» (Téhilim 119,122), le terme Arov fait référence à la douceur, c’est-à-dire adoucis-nous le bienfait, nous prions en réalité afin d’accomplir la Torah et les Mitsvot dans la joie. Nos Sages affirment dans le Midrach (Chir Hachirim 2) : « Le peuple juif est comparé à une pomme. Dans ce fruit, la fleur sort avant la feuille, de même, Israël a fait précéder le : « nous ferons » du « nous entendrons ». » La Torah fait l’éloge du peuple juif pour avoir fait précéder l’action à l’entendement. En effet, l’action symbolise l’accomplissement immédiat des Mitsvot, sans connaître les motifs et sans plaisir ; en revanche, le « nous entendrons» fait référence à l’accomplissement après étude et connaissance du sens des choses, et à ce stade, on a déjà un plaisir spirituel tout en effectuant la Mitsva. En faisant précéder l’action avant l’entendement, les Bné Israël ont démontré leur désir de servir Hachem, sans ressentir aucun goût ni plaisir.
Aussi, c’est la raison pour laquelle nous mangeons une pomme le soir de Roch Hachana : nous mentionnons notre mérite d’avoir fait précéder l’action de l’entendement ; en conséquence, nous prenons une pomme qui symbolise ce principe.
Mais avant de consommer la pomme, nous la trempons dans le miel, et implorons Hachem : Yéhi Ratson, Chéte’hadech Alénou Chana Tova Oumétouka : Puisses-Tu nous accorder une bonne et douce année. Même si nous Te servons sans aucun goût ni plaisir, de grâce, insère de la douceur lorsque nous effectuons des Mitsvot et nous pourrons nous élever et ressentir de plus en plus la douceur de la Torah et des Mitsvot. Amen, que ce soit la volonté du Ciel.
Chana Tova Oumétouka, une bonne et douce année !
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