Paracha Émor
Même le plus grand fauteur peut se repentir
« Nul ne doit se souiller par le cadavre d’un de ses concitoyens.» (Vayikra 21,1).
Lorsqu’un Juif voit qu’une personne de sa connaissance a quitté le droit chemin, même s’il est descendu très bas, il vaut la peine de déployer tous les efforts possibles pour le sauver.
Dans le cadre de notre part d’efforts figure la prière : nous prions pour qu’il fasse Téchouva, car la prière de chaque Juif est bénéfique dans ce domaine. Nous découvrons cette idée dans le traité de Brakhot (10a) : Rabbi Méir priait pour que ses voisins mécréants meurent, mais sa vertueuse épouse Brouria lui fit remarquer qu’on ne devait pas prier pour la mort des mécréants, mais pour qu’ils se repentent. Il admit qu’elle avait raison et il pria pour qu’ils fassent Téchouva, et c’est ce qui se passa.
Mais on constate souvent que lorsque quelqu’un ne résiste pas aux épreuves et quitte le droit chemin, les gens acceptent l’avis des psychologues, affirmant qu’il est impossible de détacher un tel homme des pulsions négatives dans lesquelles il est plongé. Ils baissent les bras et ne tentent pas de le faire revenir sur le droit chemin.
À ce sujet, la Guémara (Irouvin 19a) dit : « Les fauteurs parmi le peuple d’Israël sont remplis de Mitsvot comme les grenades.» En effet, même si les fauteurs paraissent de l’extérieur dénués de bon goût, ils abritent en réalité une âme sainte, une parcelle du divin, et il suffit simplement de retirer l’écorce dure des désirs matériels pour découvrir les facultés spirituelles, qui leur permet de s’élever dans la pratique des Mitsvot. Cela ressemble à la grenade : bien qu’à l’extérieur, l’écorce semble épaisse et amère, mais lorsqu’on s’efforce de briser l’écorce, on y découvre des graines bonnes à la consommation.
Nos Sages ont dit (Sanhedrin 44a) : « Un Juif, même s’il a fauté, demeure juif.» Nos ouvrages sacrés affirment que même s’il a beaucoup fauté, il demeure malgré tout un Juif, c’est-à-dire qu’il reste en lui cette parcelle de sainteté présente en chaque Juif, qui a la faculté de le faire revenir et de corriger ce qu’il a tordu, même s’il a sombré au plus bas.
Cette sainteté émane de Hachem, qui fait reposer Sa sainteté dans l’intériorité de l’âme de chaque Juif, même s’il se souille par des fautes, comme le relate la Guémara (Yoma 57a) : un Tsdouki (Saducéen) avait affirmé à Rabbi ‘Hanina qu’aujourd’hui, en exil, les enfants d’Israël sont impurs, comme il est dit (Ekha 19a) : «Sa souillure est attachée aux pans de sa robe.» Rabbi ‘Hanina rétorqua : « Les Écritures disent (Vayikra 16,16) : “qui réside avec eux, parmi leurs souillures” : même lorsqu’ils sont impurs, la Chékhina repose parmi eux.»
Rabbi Avraham Dov d’Avritch, auteur du Bat Ayn zatsal, déclare : « Un Juif qui ne croit pas que Hachem est proche de lui et désire qu’il Le servie, même s’il a commis de graves fautes, comme dans le verset “qui réside avec eux, parmi leurs souillures”, est considéré comme un hérétique. »
Dans la même veine, Rabbi Moché de Korbin renchérit : « Celui qui n’est pas capable de se tenir en prière devant son Père céleste après avoir commis une grave faute, et d’engager un dialogue à l’instar d’un fils qui a fauté contre son père et fait désormais sa volonté, n’a pas encore franchi le seuil du judaïsme. »
Rabbi Bounam de Pshisa’ha zatsal interprète ainsi le verset (Dévarim 31,17) : « Alors il se dira : “En vérité, c’est parce que mon D.ieu n’est plus au milieu de moi que je suis en butte à ces malheurs.” Les Juifs qui affirment :” Hachem n’est plus au milieu de moi” commettent une faute qui engendre des malheurs, car lorsqu’on estime ne plus renfermer en soi la sainteté de Hachem, cela conduit au désespoir.
Il faudra constamment se répéter que peu importe combien un Juif a fauté, il conservera toujours en lui la sainteté propre à l’âme juive. Rabbi David de Lélov, sur le verset (Chémot 19,5) affirme : “Vous serez Mon trésor (Ségoula) entre tous les peuples” : un Juif ressemble à la ponctuation Ségol. La forme du Ségol ne changera jamais, de la même manière, un Juif, peu importe combien il dévie du droit chemin, conserve sa sainteté propre au Juif.
Rabbi Yé’hiel d’Alexander zatsal interprète la parole d’Its’hak Avinou adressée à Yaakov Avinou (Béréchit 27,27) : « Le parfum de mon fils est comme le parfum d’une terre » : tout comme lorsqu’on insère dans le champ des ordures qui dégagent une mauvaise odeur, malgré tout, la bonne odeur du champ, en réalité, n’en est pas affectée, et dès que cette mauvaise odeur passe, l’odeur de la terre dégage à nouveau sa bonne odeur, de la même façon l’aspect divin est présent chez chaque Juif : même s’il s’est souillé avec les ordures puantes des fautes, malgré tout, l’odeur de la kédoucha, sa parcelle divine, ne se dégrade pas, et ainsi, il pourra se repentir et dégager une bonne odeur.
Rabbi Eliézer Tsvi de Kamarna zatsal mentionne dans son ouvrage Zaken Béto, un enseignement de son illustre père, Rabbi Its’hak Eizki de Kamarna zatsal : il s’agit d’un récit sur un Baal Téchouva qui avait commis toutes les fautes de la Torah dans le but de provoquer la colère de Hachem. Au final, cet homme se repentit parfaitement et parvint à un niveau très élevé, au point que le Rav et auteur du Ohev Israël d’Apte se levait devant lui et affirmait qu’il avait une stature spirituelle très solide et bénéficiait d’un niveau bien supérieur à lui. Nous le constatons également de nos jours : même ceux qui étaient plongés dans les fautes ont le mérite de se repentir totalement et de s’élever beaucoup.
C’est en substance ce que Hachem demanda aux Cohanim, dont une partie de leur fonction consistait à sensibiliser à la Téchouva les Bné Israël qui se rendaient au Temple : «Nul ne doit se souiller par le cadavre d’un de ses concitoyens » : on ne dira au sujet d’aucun membre du peuple juif que son âme est totalement impure et qu’il ne pourra pas se repentir. Chaque Juif abrite une faculté de Kédoucha grâce à laquelle il sera susceptible de faire Téchouva.
Chabbath Chalom !